Pour une fois, je vais utiliser la quatrième de couverture du roman que je chronique, non par paresse, mais parce que je la trouve simplement parfaite et que je n’arriverai pas à faire mieux pour vous donner envie d’ouvrir ce livre.
Au bord du bayou Attoyac, le corps d’un homme noir, venu de Chicago, est retrouvé. Cause présumée de la mort : noyade après un passage à tabac. Motif de l’agression selon les autorités locales : le vol. Mais pourquoi alors a-t-on retrouvé son portefeuille sur lui ? Et pourquoi deux jours plus tard, au bord du même bayou, et juste derrière le café de Geneva Sweet, le cadavre d’une fille blanche est-il découvert ?
Dans ce Texas où Noirs et Blancs ne fréquentent pas les mêmes bars et où les suprémacistes blancs font recette, le Ranger noir Darren Mathews n’est pas particulièrement le bienvenu. Surtout quand il décide d’interférer dans l’enquête du shérif local. Darren ne connaît que trop bien ce coin de terre, et, malgré son attachement indéfectible à ce pays, il sait qu’il lui faudra mener seul sa quête pour la vérité et la justice.
Un suspense aux accents de blues, doublé d’une réflexion toute en nuances sur les racines, les tensions raciales et les discriminations au sein même des communautés.
Nous sommes donc dans l’Amérique profonde en 2016. Ce que la couverture ne dit pas, c’est que Darren a provisoirement été suspendu car il est impliqué indirectement dans le meurtre d’un blanc. Quand l’histoire commence, il est dans l’attente de la décision du jury pour savoir si Mack, un employé de sa famille depuis vingt ans, sera jugé coupable ou pas du meurtre de l’homme qui l’a menacé, lui et sa fille. Cette suspension est l’un des ressorts dramatiques tout au long du roman, car le sort de Darren dépend du verdict : sera-t-il encore ranger après cette histoire ?
De plus, son couple bat de l’aile pour plusieurs raisons : son refus de quitter les rangers du Texas, et son alcoolisme de plus en plus présent dans son quotidien. Sa femme voudrait qu’il reste auprès d’elle, mais très vite on comprend que son devoir passe avant tout. Son devoir et l’envie de justice qui le tenaille quand il découvre que le meurtre d’un noir allait être classé beaucoup trop rapidement.
Bluebird Bluebird est un roman qui nous plonge dans une Amérique qui dérange. Là où le racisme est encore profondément ancré chez certains blancs, et où des suprémacistes continuent de faire vivre le Klu Klux Klan à leur manière. En ajoutant souvent au meurtre le trafic de drogue, le tout bien caché dans les bars locaux, et soutenu par les familles les plus influentes du coin.
L’enquête que mène Darren est compliquée car, même s’il connaît les codes des petites bourgades du Sud, son envie de trouver la vérité le rend maladroit et il oscille en permanence entre son statut de ranger, et sa haine des suprémacistes. Ce qui le place entre deux mondes et, même s’il veut aider ses compatriotes, le fait qu’il soit ranger complique toujours les choses.
C’est un bon roman que nous livre l’autrice où la quête de la vérité se mêle intimement à quelque chose de plus profond, et qui nous ramène aux racines et aux fondements du racisme dans certains états d’Amérique.