Les Chroniques de l'Imaginaire

Un été dans la Sierra - Muir, John

Né en 1838 en Ecosse, John Muir est arrivé à onze ans aux États-Unis avec ses parents et ses nombreux frères et sœurs. Il développe un intérêt pour la nature qui le pousse à entrer à l'université du Wisconsin à vingt-deux ans. Si au départ il dénote par son manque de culture autre que biblique et sa tenue dépenaillée, son désir d'apprendre et sa curiosité lui valent rapidement d'être remarqué pour son intelligence et son ingéniosité. A la faveur d'un incident qui lui a valu de perdre momentanément la vue, lui faisant prendre conscience de toute la beauté du monde qu'il aurait pu ne plus jamais admirer, il décide de prendre la route pour apprendre auprès de l'école de la nature et de la vie.

Le récit Un été dans la Sierra retrace une période de l'année 1869 pendant laquelle il s'est fait engager pour conduire des moutons en transhumance du côté de Yosemite, en Californie. Il s'agit d'un journal tenu presque quotidiennement, dans lequel il évoque tout ce qu'il observe autour de lui, en premier lieu la faune et la flore.

Ses connaissances en botanique s'expriment largement ici. Il sait reconnaître toutes sortes d'arbres, d'arbustes, de fleurs et de plantes, les nommant et les décrivant, permettant ainsi aux profanes de se faire une idée de ce qu'il voit. Il est frappant de constater avec quelle facilité il rencontre toutes sortes d'animaux sauvages, tels des cerfs qui viennent brouter au pied du campement. Moins bucolique, les ours ne sont pas rares non plus et causent beaucoup de soucis et de frayeurs aux bergers.

A la lecture du récit, il est évident que l'intérêt de John Muir se porte sur la nature et non sur les gens. Aucun mépris de sa part, il parle avec les uns et les autres, mais rien ne vaut pour lui la félicité de communier seul avec les étoiles en écoutant le vent bruisser dans les feuilles. Son enthousiasme est communicatif. Il observe, contemple, s'émeut. Il touche à la liberté absolue en se contentant de peu. De quoi boire, de quoi se nourrir (un peu de pain fait l'affaire) et où se coucher avec seul le ciel au-dessus de sa tête.
Chaque œuvre de la nature trouve grâce à ses yeux, même la forme des nuages au-dessus des pics de la Sierra. Son émotion est si sincère qu'il l'exprime avec une sensibilité qui nous atteint immanquablement.

Véritable plaidoyer en faveur de la vie au grand air, Un été dans la Sierra offre un voyage ressourçant, grâce à la poésie et aux émotions qui se dégagent de la plume de cet amoureux de la nature. Plus de cent-cinquante ans après sa rédaction, son journal offre au lecteur un moment apaisant, loin de la technologie et de la frénésie du quotidien. Une invitation au calme, à l'écoute, au respect, à la frugalité... Une lecture qui résonne avec une puissance particulière pour l'être humain du XXIe siècle.