1878, en arrière saison. Le jeune écossais Robert Louis Stevenson, alors âgé de vingt-huit ans, a décidé d'entreprendre son premier voyage en solitaire et vers l'inconnu en France. Il choisit de traverser une partie des Cévennes. Le jeune écrivain n'a encore rien écrit des titres qui le rendront célèbre, notamment le célèbre L'île au trésor.
Cette expérience est alors l'occasion de rencontrer les Français des régions reculées, entre catholiques et protestants, cultivés et ignorants, mendiants et petite noblesse.
Ce petit livre est un classique. Folio a eu la bonne idée de le rééditer. L'envie m'a prise de découvrir celui-ci après avoir vu le film Antoinette dans les Cévennes. L'écart est grand me direz-vous, mais la morale de l'histoire reste la même. Partir seul, s'isoler, réfléchir, admirer, faire le point, et lâcher ses nerfs et sa colère envers un animal qui n'y peut rien mais qui vous supportera tout au long de votre périple. Cette petite ânesse est-elle plus efficace que de nombreuses séances chez un psychologue ?
Stevenson a eu beaucoup de mal à faire connaissance avec Modestine. L'ânesse qui lui portera ses ballots au cours de ses treize jours de voyage reste impassible. La situation est même burlesque au début du récit car Stevenson ne sait pas comment s'y prendre avec elle. Mais les jours défilent, et la sérénité semble gagner les deux êtres jusqu'à l'entente cordiale.
La plume de Stevenson est remarquable malgré sa jeunesse. Les paysages s'enchaînent et vous vous retrouvez à dormir auprès de lui et Modestine entre le Velay, le Haut Gévaudan, Notre-dame-des-Neiges et Florac.
Ce classique de la littérature d'outre-manche peut aussi bien vous bouleverser que vous ennuyer. Il est parfois bon de se retirer et de se remettre en question. La nature est là pour nous le rappeler. Mais n'oublions pas de la regarder et de la respecter. Garder ce court roman dans sa bibliothèque vous permettra juste une mise au point de temps en temps au cours de votre vie. S'arrêter, penser, souffler et apprécier.
