Les Chroniques de l'Imaginaire

Le putain d'énorme livre du bonheur qui va tout déchirer - Mackintosh, Anneliese

Ottila est une jeune femme sur le point de s'effondrer. Le seuil maximum d'alcool recommandé pour une femme de son âge par semaine ? Elle le dépasse en une demi-journée. Son travail ? Elle est employée à la Maison de Maggie, un centre pour les personnes en fin de vie... où les patients à qui elle s'attache meurent. Sa vie sentimentale et sexuelle ? Elle s'est payée une IST après avoir couché avec André, un homme marié et son patron, sur leur lieu de travail en plus. Ses amis ? Encore plus alcooliques qu'elle. Sa famille ? Son père est mort d'un cancer pendant qu'elle se remettait d'une cuite. Sa mère sombre dans la dépression. Sa petite sœur est internée après une énième tentative de suicide.

Ottila sent qu'elle touche le fond. Alors, elle donne un grand coup de pied pour remonter. C'est décidé : elle arrête l'alcool et va documenter ses progrès. 

Ce livre pourrait sembler déprimant. Heureusement, il est bourré d'humour loufoque, un brin vulgaire. Si vous n'aimez pas les évocations, faites sur un ton décalé, de vomi, de mutilation, de maladie - mentale comme physique - et de mort, passez votre chemin ! L'intrigue en elle-même demeure assez plate : sorte de Bridget Jones, Ottila cherche à combattre ses propres démons, à trouver l'amour, un nouveau souffle à sa carrière et à retrouver sa place dans une famille en plein déliquescence. Elle fait cependant face à des problèmes un peu plus sombres que cette dernière. Sa lutte contre l'alcoolisme remplace celle contre la crème glacée, ses relations sont nettement plus toxiques aussi. Les personnages secondaires sont malheureusement assez plats, y compris Mina, la sœur dépressive d'Ottila, et Thalès, son coup de foudre. La meilleure amie de Grace, elle, ne sert qu'à montrer ce qui pourrait arriver à Ottila si elle n'arrêtait pas l'alcool, dans ce qu'il y a de plus sinistre.

Le format est pour la majeure partie celui d'un journal mais pas seulement. Des e-mails, des SMS, snapchats, lettres, comptes-rendus de séances de psy, brochures médicales, tickets de caisse... parsèment aussi l'ouvrage. Ces fragments apportent un peu de diversité, même s'ils rendent parfois la lecture un peu plus difficile.

Le putain d'énorme livre du bonheur qui va tout déchirer parvient à transformer une histoire de lutte contre l'alcoolisme en roman feel-good. Ou presque, car tout ne finit pas forcément bien pour tout le monde. Il plaira tout particulièrement aux amateurs d'héroïne célibataires en souffrance, avec un grain de folie, et qui déballent tout par écrit.