Clevatess est l'un des rois démons empêchant les hominidés d'accéder à une vaste partie de la planète. Un jour, il est attaqué par des guerriers du royaume d'Hiden. Il espère que leur roi lui indiquera les raisons de l'attaque initiale avant sa mort mais le monarque se borne à le traiter de bête. Il décide de se venger en tuant tous les habitants de la capitale. Il est sur le point de repartir lorsqu'un jeune garçon lui remet un enfant et lui enjoint de l'épargner. Clevatess ignore pourquoi mais il donne sa parole qu'il le laissera grandir jusqu'à l'âge adulte et finit par emporter le bébé chez lui. Il réalise alors qu'il n'a aucune idée de la manière dont il faut prendre soin d'un bébé. Il ressuscite Alicia, l'une des guerrières d'Hiden, pour lui apprendre les manières des humains.
Ce premier tome de la série nous familiarise d'entrée de jeu avec son atmosphère décalée : d'un côté, nous avons des scènes sanglantes, emplies de violence avec un démon-dragon gigantesque qui remplit lui-même tout l'espace des pages du volume, d'un autre côté, nous avons des scènes pleines d'humour et de tendresse avec un bébé minuscule et mignon, qui tient en échec ledit démon juste en réclamant du lait ou une couche propre. Dans ce tome, forcé à emprunter l'allure d'un humain, de s'allier les compétences d'Alicia, le démon va en apprendre plus sur cette humanité qu'il juge au départ insignifiante. On sent que ce n'est que le début d'une longue formation puisqu'il ignore absolument tout : que les femmes ne donnent pas toutes du lait, ce qu'est l'argent, comment en obtenir, que les démons terrifient les humains...
Les situations, même comiques, invitent aussi plus ou moins subtilement le lecteur à réfléchir, lui aussi, à ce qu'est l'humanité. Et peut-être d'autant plus que les peuples hominidés ne sont pas tous des humains à proprement parler : les peuples du continent ne sont pas tous similaires et empruntent aux "races" traditionnels de la fantasy leurs principales caractéristiques. Les habitants d'Hiden, avec leurs oreilles pointues et leur maîtrise de la forge, sont à mi-chemin entre des nains et des elfes. En outre, la majeure partie de l'ouvrage reste sombre : viols, prostitution, maltraitance, enfants mort-nés, massacres, esclavage, guerre. Ce volume ne lésine pas sur les moyens pour nous montrer la brutalité de son univers. Je dois avouer que j'aurais préféré plus d'humour et moins de sang pour ma part.
Les dessins sont à la hauteur du contenu : tour à tour violents et doux, à réserver au public averti.
Pour résumer, ce premier tome de Clevatess plaira aux amateurs de démons en pleine quête d'initiation, de bébés adorables mais aussi et surtout de combats bourrés d'hémoglobine.