Les années folles, près de Paris. La police fait irruption dans un café de banlieue, et arrête un certain Palovski, occupé à cuver bien sagement. C'est le commissaire Bertille qui mène l'opération, et tout est maîtrisé, jusqu'au trajet qui mène au poste. C'est le moment que choisit une énorme boule rouge pour tomber du ciel et s'écraser, ou plutôt atterrir, dans le champ voisin. Pendant que le commissaire se rend près de l'étrange objet céleste, Palovski parvient à s'enfuir...
C'est près de la boule en question que le commissaire fait la rencontre d'une jeune dame de vingt-deux ans. Il ne sait pas encore qu'elle se prénomme Bertille, mais il est vite certain que cette fille-là est de la haute. Et qu'elle fera un sacré témoin sur ce qui s'est passé avec cette boule rouge... En attendant, Palovski reste introuvable, et cela ne sera que le début des ennuis, notamment vis-à-vis du préfet local : non seulement la fuite de Palovski semble l'affecter terriblement, pour une raison que Bertille ignore, mais maintenant il y a cette boule rouge bien mystérieuse à faire disparaître...
Bientôt, ce sont des scientifiques, puis l'armée, qui vont venir observer l'étrange corps céleste... Et il va bien vite falloir se rendre à l'évidence : la boule grossit, de plus en plus, à un rythme qui est savamment identifié par les scientifiques, et qui évoque le fameux nombre d'or. A ce rythme, la boule en question fera une taille telle que cela pourrait bien signifier la fin du monde. Ni plus, ni moins...
Alors, le commissaire Bertille enquête, à la fois sur la disparition de Palovski, et sur cette boule qui ne cesse de grandir. Le lieu où elle se trouve est protégé par les militaires, mais cela n'empêche pas Bertille, la fille, de se rendre sur place pour l'observer. La jeune femme trouve la boule en question très jolie, et le commissaire, tout bourru qu'il soit, doit bien reconnaître qu'il ressent la même chose. Il est plaisant pour lui de passer ce genre de moment contemplatif, au vu de l'empressement du préfet, et des menaces de donner toutes ces enquêtes à un autre commissaire...
C'est à Eric Stalner que l'on doit ce Bertille & Bertille, one-shot qui paraît chez Grand Angle. C'est d'emblée un plaisir de retrouver ce dessin qui possède une véritable signature graphique, avec cette fois des couleurs qui oscillent entre l'ocre et le noir et blanc. On y trouve aussi un très joli rouge, chatoyant et chaleureux, bien entendu pour cette étrange boule, mais également pour d'autres objets, comme la robe de Bertille, par exemple.
Eric Stalner nous fait nous interroger sur la peur de l'inconnu, avec cette boule, ce qui fait aussi étrangement écho à l'actualité, crise sanitaire en tête. Les personnages principaux sont en cela judicieusement choisis, entre ce commissaire qui a tout de la brute épaisse et cette fragile Bertille, qui n'a pas été gâtée par la vie, malgré son immense richesse...
Bertille & Bertille est un one-shot magnifique, très réussi, et avec cette pointe d'humour et d'intelligence dans des dialogues souvent incisifs. Il se pourrait bien qu'il y ait une suite à ce one-shot mais, en attendant, on peut complètement considérer que cette histoire se suffit à elle même. Vivement un autre one-shot d'une telle qualité !