Les Chroniques de l'Imaginaire

Vies et morts de Robert Fury (Jukebox Motel - 2) - Graffin, Tom & Duvoisin, Marie

Thomas Shaper n'est pas au mieux de sa forme, dans cette bâtisse située au fin fond de la Californie. Une bâtisse dont il vient d'apprendre qu'elle ne lui appartient pas... Shaper est tourmenté par Big Man et les quarante toiles qu'il doit lui peindre sous le pseudonyme artistique de Fury... Et il ne se rend pas compte que Joan vient d'arriver avec Jamie, leur petite fille âgée de maintenant neuf mois.

Joan a abandonné ses rêves de gloire musicale, mais elle vient de trouver un poste de journaliste, justement dans la presse musicale. Une jolie aubaine, qui la conduit à laisser Thomas au bout de quelques jours, non sans accepter l'argent que ce dernier a bien gagné, en vendant ses toiles sous le nom de Fury. Thomas Shaper est de nouveau seul, et ne tarde pas à recevoir la visite de Big Man...

Le personnage en question repart avec ses quarante toiles, et contre toute attente il propose à Thomas de ne plus du tout peindre sous le nom de Fury. Pour le grand public, l'artiste sera décédé à l'âge de vingt-sept ans, histoire que la côte de ses tableaux s'envole, comme on peut l'imaginer dans le monde de l'Art... Bientôt, c'est Johnny Cash qui revient voir Thomas, un an après que ce dernier soit venu vivre dans cette bâtisse. Johnny va bien mieux, il a retrouvé le goût à la vie, et il en fait même profiter un certain Bob Dylan...

C'est un lieu bien étrange que ce coin de Californie : Tom Graffin nous permet ici de nous en rendre compte, au travers de ce qui arrive à Thomas Shaper, mais également au travers de nombreux personnages secondaires. Le récit n'est pas toujours simple à suivre, tant les rencontres ou les retrouvailles s'enchaînent. Il est également fréquent que le personnage principal se mette à rêver ou à halluciner, à cause des vapeurs de peintures utilisées pour faire ces fameuses toiles de Fury...

Les dessins et couleurs de Marie Duvoisin (Nos embellies) sont, elles, absolument superbes. Le côté hallucinogène est parfaitement mis en évidence par de jolis effets psychédéliques, qui sont ici parfaitement amenés. Graphiquement, le diptyque est une grande, belle et franche réussite, et permet ainsi à la série de tirer son épingle du jeu, chose qui n'aurait pas forcément été gagnée avec un dessin plus terne, ou avec des expressions moins travaillées.

On voyage dans le monde de l'art, et on réfléchit à ce qu'on ferait en gagnant énormément d'argent de façon trop précoce et sans l'accompagnement nécessaire. Un bien joli diptyque de plus, pour Grand Angle !