Les Chroniques de l'Imaginaire

Le duc (Dune : Chroniques de Caladan - 1) - Herbert, Brian & Anderson, Kevin J.

Tout juste réchappé d'un attentat à la bombe, le duc Leto Atréides rentre inquiet sur sa bonne planète de Caladan. Il semblerait qu'une faction séparatiste menace de vouloir faire exploser (littéralement et figurativement) l'Imperium. D'autres rumeurs évoquent une drogue mortelle qui serait cultivée sur sa propre planète, à son nez et à sa barbe ! Leto va devoir agir pour sauvegarder le nom et jusqu'à l'existence de sa maison. Il peut compter sur ses fidèles serviteurs : Thufir Hawat, Gurney Halleck, Duncan Idaho, le docteur Yueh, ils sont tous là, sans oublier sa concubine, la fidèle Jessica. Leur fils Paul, qui a désormais quatorze ans, compte aussi jouer un rôle plus actif dans les affaires de la maison Atréides.

Le Duc est le quatorzième roman greffé depuis 1999 par Brian Herbert et Kevin J. Anderson sur les six tomes du cycle original de Dune rédigés par Frank Herbert, le père de Brian, mort en 1986. Certains de ces romans sont des suites, d'autres des préquelles, d'autres encore des interquelles, mais tous partagent deux points communs : des chiffres de ventes phénoménaux et un accueil plus que glacial de la part des fans de l'œuvre originale. Pour en avoir lu quelques-uns au début des années 2000, j'ai tendance à être d'accord avec les fans : ces nouveaux livres n'ont rien de la complexité philosophique des anciens et se lisent plutôt comme de bêtes romans de space opera, pas follement bien écrits, avec de l'action à gogo mais peu de choses réellement mémorables. L'appât du gain semble être la raison première de leur existence, davantage que le désir de prolonger une œuvre riche et profonde.

Mais donnons tout de même une chance au Duc ! Après tout, cela fait plus de vingt ans que le fils Herbert et Anderson travaillent sur l'univers de Dune, largement de quoi acquérir une meilleure perception des enjeux profonds du cycle, ou à tout le moins la capacité à écrire de bons livres.

Il m'a semblé que ce livre était effectivement un peu mieux écrit que les précédents que j'ai pu lire du tandem, mais c'est peut-être grâce à la traductrice ; et on peut tout de même y lire des tautologies d'anthologie comme « Calaville consistait en un mélange de maisons anciennes et de constructions plus récentes. » Pour le reste, on y retrouve toutes les tares de leurs ouvrages précédents. Malgré de fréquentes scènes d'action, l'intrigue est molle, la faute à un rythme lourd (les personnages ne cessent de radoter la même chose dans leurs monologues intérieurs) et à des enjeux insignifiants (le trafic de drogue aurait pu permettre un parallèle intéressant avec l'Épice, mais les auteurs passent complètement à côté). Les personnages sont réduits à des caricatures de ceux d'Herbert père, avec un unique trait de caractère distinctif qui sera rabâché jusqu'à l'écœurement (le duc Leto est honorable, Jessica est fidèle, etc.) et il est difficile de se sentir concerné par leurs tribulations puisque le récit prend place quelques années à peine avant le début du Dune original. Les adieux de Leto et Jessica à la fin sont sans doute censés être poignants, mais on sait très bien qu'ils ne tarderont pas à se retrouver, toujours aussi amoureux. De la même manière, les aperçus qu'a Paul de sa vie future sur Arrakis sont passablement balourds.

Somme toute, je dirais que lire Le Duc, c'est comme regarder deux joueurs d'échecs poser leurs pièces sur le plateau avant le début de la partie. On connaît déjà le résultat final de la manœuvre, on sait pertinemment que les choses intéressantes ne commenceront qu'après, et les joueurs n'ont même pas la décence de raconter une blague ou deux pour faire passer le temps plus agréablement. Dans les deux cas, il s'agit d'une activité profondément dénuée d'intérêt que je vous recommande chaudement d'éviter.