A quatorze ans, Félix ne s'entend guère avec sa famille, et notamment avec son père qui lui reproche de ne pas lui ressembler. Aussi, quand il se découvre des pouvoirs particuliers, il est heureux d'être guidé par Gustave, son professeur d'agriculture, qui est également un "élu" et lui présente les autres membres de leur société secrète. Gustave reste obnubilé par la mort brutale de sa fille Nejma, morte noyée plus de vingt ans auparavant : il faut dire qu'avec l'aide de bonbons magiques, il est possible de rebrousser le temps, et il espère encore sauver sa fille...
Je reste très mitigée à la suite de cette lecture. Le roman est clairement divisé en deux parties, avec pour chacune sa numérotation de chapitres commençant à 1 et son épilogue.
La première partie est très classique, avec un jeune garçon qui se découvre des pouvoirs qu'il doit dissimuler. J'ai peiné à réellement m'attacher à Félix, je trouvais qu'il ne se passait pas grand chose et je ne voyais pas où l'autrice voulait en venir. Le décor n'est que peu brossé : je n'ai ainsi pas vraiment déterminé si l'intrigue se déroulait dans notre monde, dans une vallée reculée du siècle dernier (il y a des voitures, mais pas de téléphone, et fort peu de contacts avec l'extérieur), ou carrément dans un univers de fantasy différent. Dommage également que les super-pouvoirs des élus ne leur servent finalement qu'à s'amuser un peu.
La narration est parfois maladroite, avec notamment des répétitions et des problèmes récurrents sur les temps employés, sans compter des phrases mal relues avec des mots inversés ou manquants. Pourtant, la lecture reste relativement fluide et je me suis accrochée malgré mon manque d'intérêt flagrant.
C'est arrivée à la deuxième partie que j'ai trouvé que ça partait en cacahuète. J'ai réalisé brutalement que le personnage principal n'était pas Félix mais Gustave. Et celui-ci, plutôt sympathique jusque-là, se révèle finalement exaspérant et égoïste : il entraîne ses amis sans explication et s'énerve quand ceux-ci se rebiffent, prend des décisions sans tenir compte des sentiments des autres (du genre, décidant que sa fille doit mourir sans s'inquiéter du chagrin de son épouse, jusque parce que lui espère la voir se réincarner dans l'enfant qu'il prévoit de faire avec une autre femme...). Je n'adhérais à aucune de ses réactions ou décisions, dignes d'un ado en crise et non d'un adulte responsable et réfléchi. "Tu es complètement fou", lui disent régulièrement ses amis : c'est exactement ça.
Il y avait de l'idée dans les voyages temporels répétés (et empirant la situation à chaque fois) et les pouvoirs de Jude, mais pas assez pour sauver le récit. Je pense que le tout aurait mérité d'être retravaillé avant d'être livré aux lecteurs.
Dernière remarque, pour l'éditeur, par rapport à l'édition numérique : mais pourquoi avoir utilisé un style graphique différent pour les derniers paragraphes de chaque chapitre ? Lesdits paragraphes nous sautent ainsi aux yeux sans que j'y ai trouvé de raison valable, détériorant encore l'effet d'ensemble...