Les Chroniques de l'Imaginaire

Garo, le magazine iconoclaste du gekiga à la Maison de la culture du Japon

Le magazine du manga alternatif japonais, Garo, a permis dès 1964 à des artistes de s’illustrer à travers des drames historiques, des questionnements existentialistes ou encore l'érotisme. Garo a eu une telle influence entre les années 1960 et 2000 qu'il a contribué à définir les contours du manga contemporain et de la culture pop japonaise. 

Le premier numéro du magazine fondé par Katsuichi Nagai présente le travail de Sampei Shirato, connu pour avoir introduit le gekiga, manga d'auteur destiné aux adultes. C’est notamment grâce à la célèbre saga Kamui-den de Sampei Shirato, un drame politique, que Garo révolutionne le genre. Sa réputation lui permet d’attirer rapidement des artistes aujourd’hui reconnus tels que Yoshiharu Tsuge, Yoshihiro Tatsumi ou Shigeru Mizuki.

Si l’univers du manga est soumis à des codes stricts, les éditeurs de Garo laissent une totale liberté de ton à leurs auteurs qui naviguent entre surréalisme et humour noir. L’impact des illustrations expérimentales de Suehiro Maruo, Seeichi Hayashi ou King Terry sur le monde du graphisme est considérable et de nombreux magazines concurrents plus rentables sont apparus au fil des années. 

Dans les années 1990, face à la concurrence accrue d'autres magazines, le public a commencé à se détourner de Garo dont l'aventure a pris fin en 1992. En 1996, l’équipe se disperse, et se lance dans d’autres projets tels que Ax. En France, les éditions Cornélius ont publié plusieurs auteurs de la revue, notamment Yoshiharu Tsuge. Les éditions du Lézard noir ont publié une anthologie de 33 mangakas du magazine Ax.

La Maison de la culture du Japon à Paris présente une exposition exceptionnelle, Garo 1964-1974, une histoire dans l’Histoire, du 14 juin au 30 juillet 2022.