Personne ne connaît toute la Ville. On connaît son Arrondissement, on sait qu'on habite plutôt côté Voie, ou côté Fleuve. Certains aventuriers, comme Diego Patchen et son ami Zohar Kush, ont pu aller dans les tréfonds récupérer des trésors recherchés, mais c'est tout.
Diego écrit des textes de Cosmos-Fiction, où il essaie d'imaginer d'autres mondes, d'autres façons de vivre, parfois si loin de la vie qu'il connaît qu'ils ne peuvent que sembler absurdes. Mais ses textes ont leur public, son éditeur est content, et le maire de Vilgravier, son Arrondissement, l'invite à une croisière culturelle sur le Fleuve, en compagnie de sa compagne, la voluptueuse pompière Volusia Bittern.
Ce texte court est remarquablement inventif et bien écrit, entre humour discret et poésie. L'univers est à la fois riche, absurde et cohérent, et chaque page apporte son lot d'éléments fascinants. Les personnages sont fouillés, même quand ils apparaissent très peu, comme l'évanescente Milagra, ou Gaddis Patchen. De plus, on les voit évoluer dans des ambiances perpétuellement changeantes, à l'image de ce voyage sur le Fleuve qui va durer des semaines.
J'ai particulièrement aimé l'atmosphère onirique qui infuse la Ville la nuit, quand faiblit la frontière entre les règnes, ou entre les vivants et les morts, le concept des Psychopompes m'ayant fascinée, d'autant qu'ils restent totalement mystérieux. En somme, une lecture marquante d'un grand auteur, auquel la traduction de Pierre-Paul Durastanti rend pleine justice.