Les Chroniques de l'Imaginaire

L'ami impossible - Stabenrath, Bruno (de)

A Nantes, entre le 3 et le 6 avril 2011, un quintuple meurtre a lieu. La famille Dupont de Ligonnès (la mère, les quatre enfants et les deux chiens) ont été froidement assassinés avec une arme à feu. L’enquête va démontrer qu’ils ont été préalablement drogués. Leurs corps seront retrouvés enfouis sous une dalle de béton fraîche, elle-même dissimulée sous un tas de vieilleries disposées là pour cacher la terre fraîchement retournée. Le père, Xavier Dupont de Ligonnès, demeure introuvable depuis le 15 avril 2011, date à laquelle il a été filmé par une caméra de vidéo surveillance sur le parking d’un hôtel du Sud de la France. C’est lui le principal — et pour tout dire l’unique — suspect dans cette affaire sordide.

Voici le résumé de l’affaire Dupont de Ligonnès. Dans cette autobiographie, l’auteur, Bruno de Stabenrath, déroule les souvenirs qu’il a avec Xavier, de leur adolescence dorée à Versailles jusqu’à leurs rencontres sporadiques quand ils sont devenus adultes.

Pour ceux qui voudraient en savoir plus sur l’affaire en elle-même, vous pouvez passer votre chemin. L’auteur n’apporte absolument rien de neuf à l’histoire, à part ses propres réflexions personnelles largement teintées d’un parti pris pour son « pote » Xavier. D’autant plus qu’il n’a jamais été un proche de Xavier une fois passé le lycée, ni un proche de l’entourage de l’accusé.

Si vous voulez savoir ce que les jeunes Versaillais à particules faisaient de leur adolescence, c’est un livre pour vous, mais ne vous attendez pas à des folies ou des choses extraordinaires. Ils vont au café, roulent en petites motos, écoutent de la musique « américaine », passent du temps dans le parc du château et font des soirées entre eux. Et pour l’auteur ratent leur bac trois fois.

Ce livre n’est pas un roman. C’est une autobiographie et l’auteur s’aime vraiment beaucoup et se trouve plein de qualités (après tout, si on ne peut pas dire du bien de soi-même dans une autobiographie, qui le fera, hein ?). Et il envoie des petites piques assez discrètes à ceux qu’il n’aime pas, comme la femme de Xavier, à qui il semble faire porter tous les torts quant aux soucis que le couple a eus.

En revanche, il est beaucoup plus laxiste avec son « ami », particulièrement à la page 544 où il écrit "de toute sa vie, Xavier n'a jamais menti ni détourné de l'argent sauf deux fois". Je pense que nous n’avons pas la même définition de « jamais », surtout au vu des sommes volées.

Au sujet de l’influence ésotérique de la mère de Xavier (qui est en premier paragraphe de la quatrième de couverture, ce qui la rend ô combien alléchante), l’auteur n’a finalement que des suppositions, avec quelques dialogues qui semblent tirés par les cheveux quand les deux hommes évoquent ce côté religieux.

Je n’ai pas fait l’inventaire complet du laxisme et d'anecdotes écrites de telle façon que l’auteur donne l’impression d’être resté proche de la famille Ligonnès au fil des ans, mais elles sont nombreuses. Et ce n’est pas en répétant « mon pote », « mon ami », « my friend » et en extrapolant les deux soirée de meurtre que cela changera l’histoire.

Pour terminer, si vous voulez quelque chose de plus exhaustif et sans parti pris sur cette affaire, je vous conseille de lire l’enquête du magazine Society paru en deux volets à l’été 2020. Bruno de Stabenrath n’y est jamais mentionné comme étant un proche ou même une connaissance de la famille.