Les Chroniques de l'Imaginaire

Les sept lames - Camedescasse, Jérôme

Catastrophe à Skuldgard : Svannir, le champion de la reine Asta, vient d'être abattu en combat singulier par Regnor, le seigneur des Géants de Jökullheim. À présent, plus rien ne peut l'empêcher d'épouser Asta et conquérir Skuldgard, première étape dans l'asservissement de ce qui reste du monde des humains. Asta n'a pas le choix : pour éliminer la menace que constitue Regnor, elle doit trouver la source de son immortalité et la détruire, une quête qui s'annonce longue et périlleuse. Dans un monde parcouru par les Charognards, ces cadavres humains ramenés à la vie et friands de chair fraîche, Asta pourra compter sur son astuce et ses pouvoirs magiques, ainsi que sur les sept alliés dont une voyante lui a prédit qu'elle les rencontrerait en lui tirant les cartes.

Avec Les sept lames, Jérôme Camedescasse nous ramène dans les Terres du Nord, son univers de dark fantasy inspiré par la mythologie nordique (les Géants y sont des Jötnar, les Nains des Dvergr et les Elfes des Alfar). Nul besoin toutefois d'avoir lu D'ombres et de cendres avant d'ouvrir ce livre-ci, les deux histoires sont parfaitement indépendantes, même si elles partagent un certain nombre de points communs, comme d'avoir une femme aussi têtue qu'astucieuse pour protagoniste.

Malheureusement, le style de l'auteur constitue un autre de ces points communs. Avec ses longues phrases pleines d'adverbes, de subordonnées et de vocabulaire très recherché, c'était ce qui m'avait le plus déplu dans D'ombres et de cendres et c'est encore ce qui me déplaît le plus dans Les sept lames. Difficile de s'immerger dans une histoire et un monde quand on bute constamment sur des virgules à profusion et des figures de style trop voyantes. En outre, ce livre-ci est nettement plus long que son prédécesseur, ce qui a contribué à ma fatigue stylistique. Le changement de protagoniste à mi-chemin aurait constitué une césure bienvenue dans ce qui aurait pu sans problème former un chouette diptyque.

Et pourtant, j'ai fini ce livre sans déplaisir. Au-delà de l'écueil stylistique, il témoigne en effet d'une imagination particulièrement foisonnante. Jérôme Camedescasse ne se contente jamais de reprendre tels quels les mythes et légendes scandinaves qui servent de graine à son monde, il leur apporte toujours un tour particulier, tout en conservant le ton souvent cruel, parfois drôle ou même grivois des anciennes sagas. Son intrigue adopte une structure épisodique dans laquelle on suit tour à tour les sept lames éponymes au fur et à mesure qu'Asta les rencontre. C'est un bon moyen d'apporter de la variété au récit et de maintenir constamment en éveil l'intérêt du lectorat, d'autant que la tension monte constamment jusqu'à un final explosif des plus satisfaisants.

Ma conclusion pourrait reprendre mot pour mot celle de ma précédente chronique. Comme D'ombres et de cendres, peut-être même davantage, Les sept lames est un livre desservi par un style trop lourd, mais plein d'action, de suspense, d'humour et d'imagination, bref, de tous les ingrédients qui font un bon roman de fantasy.