Tara est inconsolable depuis que son frère aîné Aydan a disparu au cours de sa première virée en haute mer avec leur père. Un jour, elle découvre une liasse de lettres que ses parents lui ont soigneusement cachées. Elles sont d'Aydan, et il affirme les avoir écrites après sa disparition… mais quatre cents ans en arrière dans le passé !
Déterminée à sauver son frère adoré, Tara va remuer ciel et terre pour trouver un moyen de remonter elle aussi le temps et découvrir l'Archipel tel qu'il était jadis, quand le soleil n'était pas perpétuellement caché par les fumées nocives, quand on pouvait sortir à l'air libre sans craindre les pluies acides, quand l'humanité ne connaissait pas l'appât du gain et vivait en harmonie avec la nature. Au fil de leurs périples respectifs, Tara et Aydan vont découvrir chacun de leur côté que leur monde est bien plus complexe et son histoire bien plus nébuleuse que ce qu'ils croyaient en savoir jusqu'alors.
Les eaux du temps est le premier roman de Thomas Weill. Il a toutes les caractéristiques d'un premier roman : il est plein de fraîcheur et de simplicité, de naïveté même pourrait-on dire (sans attacher à ce mot la moindre connotation négative). Bien qu'elle repose en grande partie sur du voyage temporel, l'intrigue ne recèle pas de paradoxe de causalité ou quoi que ce soit de tarabiscoté. Le passé n'est somme toute qu'un lieu un tout petit peu plus difficile à atteindre que les autres.
Cette simplicité se reflète aussi dans le style, efficace et sans chichi, juste ce qu'il faut pour donner vie à l'archipel qui sert de cadre au récit et aux personnages qui évoluent dedans. Le contraste entre l'idyllique passé pré-industriel et le présent industriel et dystopique est dépeint d'une manière qui n'a rien de subtil mais qui résonne fortement à notre époque de dérèglement climatique accéléré. Tara et Aydan forment un tandem de protagonistes attachants dont on espère tout du long qu'ils se tireront des mésaventures que l'auteur a semées sur leur chemin.
La fin douce-amère laisse ouverte la possibilité d'une suite. Si elle est du même calibre, j'aurai assurément plaisir à la lire.