Les Chroniques de l'Imaginaire

Dune, le roman graphique (Dune, le roman graphique - 1) - Herbert, Frank & Herbert, Brian & Anderson, Kevin J. & Allén, Raúl & Martín, Patricia

Paul, héritier de la maison Atréides, vient d'avoir quinze ans. Il se prépare à quitter Caladan, le seul foyer qu'il ait jamais connu, car son père, le duc Leto, a reçu de l'empereur le fief d'Arrakis. Également appelée Dune, cette planète entièrement désertique est la seule source connue d'Épice, une drogue fabuleuse qui accroît l'espérance de vie et développe les pouvoirs latents de l'esprit humain. Arrakis est une planète dangereuse : son environnement est particulièrement hostile, ses autochtones, les Fremen, sont une quantité inconnue et les anciens maîtres des lieux, les Harkonnen, sont bien décidés à mettre des bâtons dans les roues des Atréides, leurs rivaux de toujours. Paul va devoir grandir vite s'il veut survivre à ces temps troublés. Il pourra compter sur les serviteurs fidèles des Atréides et sur l'entraînement dispensé par sa mère Jessica, membre du mystérieux Bene Gesserit.

Et voici une nouvelle adaptation du roman culte de Frank Herbert ! Dune avait déjà eu l'honneur d'être porté au cinéma à deux reprises, une première fois par David Lynch en 1984 et plus récemment par Denis Villeneuve, sans parler des mini-series télé, jeux vidéo et autres jeux de cartes à collectionner. C'est au tour du neuvième art d'avoir droit à son itération de l'histoire de Paul-Muad'dib, en trois tomes, rien que ça. Le travail d'adaptation à ce nouveau format est assuré par Brian Herbert et Kevin J. Anderson, le duo déjà responsable des nombreux romans ajoutés au cycle original depuis la mort de Frank Herbert. Pour mettre en images leur script, ils ont fait appel à deux illustrateurs espagnols, Raul Allen et Patricia Martin, ainsi qu'à l'Américain Bill Sienkiewicz pour la couverture.

Le maître-mot de ce roman graphique, qui couvre le premier tiers du roman, est « fidélité ». Dans leur préface, le fils Herbert et Anderson expliquent avoir voulu coller aussi près que possible au texte original et, de fait, les dialogues sont souvent repris mot pour mot, ainsi que les monologues intérieurs des personnages, qui apparaissent dans des boîtes colorées pour identifier au premier coup d'œil qui pense quoi (bonne trouvaille graphique). Cette fidélité n'est pas une mauvaise chose, même si certaines cases se retrouvent surchargées de phylactères bien remplis.

En termes de dessin, les personnages sont eux aussi fidèles aux descriptions du livre, mais il leur arrive d'avoir des expressions faciales un peu ridicules. Quand Paul est soumis au gom jabbar, son visage exprime davantage le dégoût que la douleur à mon sens. La majeure partie de l'intrigue se compose de dialogues, d'où une certaine pauvreté dans la mise en page : les personnages sont debout ou assis et échangent des répliques, sans grand dynamisme (la typographie faite sur ordinateur, plate à en mourir, n'aide pas). Les scènes d'action bousculent un peu les choses, mais elles sont bien rares et, même là, les mouvements des personnages m'ont paru rigides et contraints. C'est dommage, parce que leur design est dans l'ensemble très bon, tout comme les décors qui sont vraiment époustouflants. Qu'il s'agisse de Caladan, de Giedi Prime ou d'Arrakis, ils dégagent une grandeur et une imagination qui reflète à merveille l'univers de Frank Herbert, bien aidés par une utilisation judicieuse des couleurs.

Ce roman graphique constitue une digne adaptation de Dune, à laquelle il manque peut-être juste un grain de folie pour devenir vraiment excellente. Si vous avez toujours eu envie de découvrir ce chef-d'œuvre de la science-fiction mais que ses huit-cents pages vous effraient, ce pourrait être le moyen idéal de l'aborder.