Quand Margot a dix-sept ans, sa santé se dégrade. Des maux de ventre, des malaises, des évanouissements la conduisent à l’hôpital où un médecin conseille à ses parents de l’envoyer voir un psychiatre.
C’est le docteur Donnelheur qui sera son psychiatre et qui la laissera parler tout son saoul. Chaque semaine, le jeudi matin, Margot se rend chez lui pour tenter de comprendre ce qui ne va pas, et un jour elle lui avoue qu’elle a été abusée par son cousin quand elle n’avait que treize ans. Le médecin lui fait alors comprendre qu’elle n’est pas fautive, et lui fait prendre conscience que sa famille était sans doute au courant mais a préféré se cacher les yeux.
Pendant plusieurs années, la jeune femme rencontrera le médecin puis, après un break, alors qu’elle a besoin de lui, son discours va changer. De victime, elle va être déclarée coupable et insidieusement poussée dans ses retranchements, jusqu’au point où le médecin lui dira que, quelque part, c’est sa faute ce qui lui est arrivé.
Déboussolée, Margot va essayer de comprendre pourquoi le discours bienveillant et paternaliste a changé.
Avec Nous en resterons là, c’est un livre complexe que nous livre l’autrice. Complexe car il plonge au cœur de la psyché d’une adolescente en souffrance, puis d’une adulte toujours en souffrance, qui cherche des réponses à travers la voix de son psychiatre.
Psychiatre dont le comportement initial semble irréprochable, puis dont les propos deviennent, au fil du temps, étrangement accusateurs. Alors que la situation initiale est plutôt simple : l’adolescente a été violée par son cousin, c’est un inceste. Son travail est donc de déconstruire la culpabilité due à la sidération lors de l’acte, ce qu’il fait dans un premier temps, avant de renverser la vapeur.
On comprend à la fin du livre pourquoi il a fait cela, et on comprend toute la perversité de ce médecin qui a abusé de sa place de soignant pour tenter d’avoir une relation avec sa patiente. Mais l’adolescente a grandi, et elle a appris à se défendre.
C’est un livre bien écrit, sans misérabilisme extrême, mais posant une réalité cruelle dans un cadre très familier. L’inceste y est évoqué plusieurs fois — dès le premier chapitre, puis plus sporadiquement — mais il est toujours là, en filigrane, dans les paroles et les actes de Margot. Pour ceux qui veulent comprendre comment un médecin peut avoir une emprise certaine sur ses patients, c'est un livre à lire.
