Les Chroniques de l'Imaginaire

Vampirologie - Party, Adrien

L’ouvrage débute, après une préface, sur une chronologie du vampire. De 1732 à 2020, le tableau recense ce qui évoque les vampires sous toutes les formes tel que les essais, les romans, les BD, les films, et l’ensemble des médias existants.

Ensuite, nous retrouvons plusieurs interviews de spécialistes du genre avec Jean Marigny et Antoine Faivre qui sont tous les deux professeurs d’université mais aussi Drace Stocker, un arrière petit neveu de Bram Stocker, et auteur de Dracula l’immortel.

Après une section « Du folklore à la littérature » où nous découvrons les origines du vampire, nous découvrons les racines de la fiction vampire. On y apprend beaucoup de choses sur Dracula, Carmilla, mais aussi Polidori, ainsi que sur l’homoérotisme vampirique.

Dans les sections suivantes on retrouve l’image du vampire dans la littérature, la BD, le manga, le comics, les jeux de rôles et dans d’autres médias qui relève de la pop culture. L’auteur se concentre sur les origines en littérature, puis passe allégrement d’un médium à l’autre, nous racontant la genèse du vampire, les inspirations des créateurs, mais aussi tout ce que les créateurs inventent autour du vampire.

La section « Vampire au cinéma : histoire d’un miroir sociétal » ainsi que la suivante « Évolution du vampire dans les séries télévisées » sont sans doute les plus importantes en taille dans le livre avec quasiment cent pages à elles deux.
On y apprend que chaque film de vampire est le reflet des angoisses de l’époque où il a été tourné. L’auteur nous explique aussi comment le cinéma américain s’autorise à piocher dans la littérature gothique à ses débuts, puis explore d’autres supports, comme les pulp après la seconde guerre mondiale. Pour terminer ce gros chapitre, nous pouvons découvrir dix films assez méconnus sur le sujet (dont un Romero).

Le chapitre sur les séries télévisées est tout aussi dense avec, entre autres, l’étude de Dark Shadow — série déjà évoquée plusieurs fois auparavant — mais aussi de Buffy contre les vampires, série iconique des années 90 qui sera déclinée sur plusieurs médias : à la télévision, en série de romans mais aussi en comics. Et la série connaîtra plusieurs spin-off dans ces différents supports. L’auteur évoque, parmi d’autre, la série True Blood dont le showrunner, Alan Ball, démontre que les vampires de cette série sont de parfaites métaphores pour « les homosexuels, pour les personnes racisées dans l’Amérique des décennies passées, pour tous ceux que l’on ne comprend pas, dont on a peur ou qui sont haïs pour leur différence ».

Ensuite, nous découvrons les vampires dans les jeux de rôle avec, entre autres, le célèbre Vampire, la mascarade. Le chapitre se clôt avec une longue interview de Mark Rein-Hagen, qui est le créateur d’Ars Magica et de Vampire, la Mascarade. Dans cette interview il revient les débuts de La mascarade et comment la licence est devenue mondialement célèbre. Il revient aussi sur la genèse du projet et le choix de faire incarner un vampire par les joueurs, plutôt qu’un chasseur de vampire.

Les chapitres suivants traitent du vampire dans les jeux vidéo, dans la SF et aussi dans la musique et l’ouvrage se termine sur Femme & vampires et Vampires & transgressions sous forme essentiellement d’interviews d’autrices et de journalistes.

De la postface, je retiendrai cette phrase : « Le vampire n’est rien d’autre que notre mauvaise conscience réactivée, chaque fois que nous tentons de lui échapper. »

Ce livre est destiné à tous ceux qui aiment les vampires et qui veulent en savoir plus sur la genèse de leur histoire, comment ils ont été utilisés tout d’abord en littérature, puis se sont répandus dans la pop culture par le biais du cinéma, de la télévisions mais aussi de la BD et des comics.

Les interviews en fin de chapitre apportent un nouvel éclairage et une autre voix que celle de l’auteur. Parmi les personnes interrogées, on trouve des professeur d’université, des auteurs, mais aussi des journalistes.

On note avec plaisir qu’à la fin de chaque section « Le vampire dans… », l’auteur nous donne dix titres à connaître pour approfondir le sujet, et les choix sont très pertinents.

Le panorama qu’il nous présente est très large, et l’auteur n’a sans doute rien oublié dans ses recherches. Que ce soit dans les jeux vidéo, au cinéma ou même dans la musique, il s’attache à décortiquer à quoi sert la figure vampirique, mais aussi pourquoi cette figure ressurgit régulièrement et pourquoi elle attire autant de lecteurs.

C’est donc un ouvrage très riche, avec une abondante bibliographie. En effet, chaque chapitre est très fouillé et adossé à des articles, conférences ou ouvrages qui sont tous listés. Et la liste est impressionnante. Ce qui montre le sérieux du travail de recherche effectué par l’auteur. Grâce à lui, j’ai découvert des tas de nouvelles choses même si ma connaissance en vampires était déjà assez importante.

Je dirais que c’est un must have pour tous les fans du genre, ne serait-ce que pour l’énorme bibliographie qu’il contient et toutes les références qui y sont mentionnées.