Tania, la vingtaine, aime son travail solitaire : elle est thanatopractrice, c’est-à-dire qu’elle travaille à rendre présentable les défunts avant que leur famille ne puisse les voir une dernière fois et procéder aux cérémonies choisies. Elle a en outre demandé à assurer le service de nuit pour ne pas avoir à socialiser avec ses collègues. La nuit, seul Martin, le gardien de nuit, reste avec elle dans les locaux. Tania n’a ni petit ami, ni réel ami, est accablée par une mère envahissante et égocentrique, un père effacé et une sœur sympathique mais distante.
Toutefois, cette solitude ne tarde pas à être troublée. Un mort, puis un second, un troisième… se mettent à lui parler alors même qu’elle intervient sur eux. Quand ils parviennent également à la toucher, la situation dégénère sérieusement pour la jeune femme. Et ce d’autant plus qu’ils ne sont pas tous animés d’intentions pacifiques.
Murmures funèbres est l’un de ces romans fantastiques comme on les aime, constamment à la frontière entre le surnaturel et le thriller psychologique. On pourra trouver à la situation de départ des similitudes avec d’autres œuvres. J’ai fortement pensé à la série Tru Calling par exemple. Toutefois, l’auteure s’affranchit vite de ces références potentielles en choisissant sa propre voie, oscillant toujours entre la démence et l’horreur. La protagoniste est-elle folle, en proie à des phénomènes surnaturels, les deux ou la réponse est-elle encore toute autre ? L’ouvrage distille des indices susceptibles d’alimenter l’une ou l’autre de ces théories et maintient le lecteur en éveil.
L’action est également au rendez-vous. La pauvre protagoniste passe de Charybde en Scylla. À peine la croit-on un peu en sécurité qu’une autre situation problématique se présente. Le dénouement réussit le tour de force d’être parfaitement logique – tous les indices étaient déjà présents depuis le début – mais aussi quelque peu surprenant, car ce n’est évidemment pas la théorie la plus évidente qui l’emporte.
Le style est maîtrisé et fluide. Les personnages, même peu nombreux, sont bien campés, y compris ceux que l’on ne fait que croiser.
Tania est confrontée à différentes formes de violence (psychologique, physique) et est témoin d’événements pour le moins traumatisants. L’ouvrage offre donc la possibilité aux lecteurs de consulter une liste de ces éléments potentiellement dérangeants, avec une indication de leur emplacement. Par exemple, les lecteurs redoutant les accidents de voiture pourront se préparer à en lire un au chapitre 17… ou à sauter carrément le chapitre s’ils le souhaitent. La liste se situe en fin d’ouvrage, pour ne pas la divulguer aux lecteurs ne souhaitant pas la consulter, mais est accessible dès les premières pages grâce à un raccourci. C’est la première fois que je vois ce procédé. Il m’a au départ surprise mais j’aime beaucoup l’idée. À une certaine époque, je redoutais de trouver des ouvrages couvrant un certain sujet, que rien n’aurait annoncé dans le résumé et je me suis trouvée mal à l’aise d’y être confrontée au cours de ce qui était après tout une « lecture détente ». Ici, pas de mauvaise surprise ! Pour avoir consulté la liste avant ma lecture, je peux de plus affirmer qu’elle ne gâche pas le plaisir de lecture. Elle fournira tout au plus quelques indices sur la direction prise par l’intrigue mais pas suffisamment pour tout deviner.
Murmures funèbres est un roman qui nous emporte à la suite de sa protagoniste dans un univers empli de violence et de mort. Il plaira aux amateurs de suspense, d’horreur et de protagoniste en souffrance.