Herbert Lemon est trouveur d’objets égarés à l’hôtel du Grand Nautilus de Sinistre-sur-Mer depuis qu’il s’est mystérieusement échoué sur une plage, amnésique. Du haut de ses douze ans, il s’est habitué à un nouveau quotidien fait d’objets abandonnés, d’indices à récolter sur leurs propriétaires et du train-train quotidien d’une station balnéaire pleine de légendes.
Un jour, une de ces légendes locales débarque justement dans son petit local : Violette Parme, dont les parents ont disparu douze ans auparavant en la laissant seule dans leur chambre d’hôtel du Grand Nautilus. Il a beau lui répéter que lui, son créneau, ce sont les objets et pas les gens, elle insiste pour qu’il l’aide à retrouver ses parents.
Toutefois, d’autres légendes bien plus sinistres rôdent dans la ville désertée pour l’hiver, comme un étrange homme muni d’un crochet ou une créature nommée Malamander.
L’ouvrage s’ouvre sur une magnifique carte de la ville de Sinistre-sur-Mer. Très détaillée, elle donne envie de se plonger très vite dans les aventures des deux jeunes héros pour découvrir davantage la ville. Les noms de lieux, comme le bibliodispensaire, ou leur emplacement, comme celui du restaurant de Mouillette, perdu sur une jetée isolée, sont autant de promesses d’aventures délicieusement mystérieuses.
Et ces promesses sont tenues par l’ouvrage ! Sinistre-sur-Mer est bel et bien une ville qu’on a plaisir à visiter et pourrait presque être considérée comme un personnage à part entière. Au-delà de la poésie des lieux, les habitants de la ville sont également fascinants : de la vieille Lady vivant en recluse au restaurateur épris d’une sirène, tous semblent avoir une histoire bien à eux, un passé magique et potentiellement tragique à dévoiler.
Ce roman fantastique est aussi empreint d’accents steampunk. L’époque n’est pas définie clairement. Les esprits et monstres côtoient les téléphones mais aussi et surtout les automates de singe devin et les lunettes astronomiques magiques. Tout cela confère une atmosphère bien particulière au récit.
Le récit n’est pas sans faire penser à une célèbre série de livres pour enfants : les Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire. On y retrouve le ton humoristique, les deux orphelins en quête de leurs origines, les personnages secondaires haut-en couleur et les péripéties fantaisistes. Toutefois, j’ai bien davantage préféré les Chroniques de Sinistre-sur-Mer. La narration est ici celle de l’un des enfants, Herbert, bien moins sarcastique et défaitiste que celui de la série susmentionnée. L'ancrage fantastique du récit est en outre très bien dosé, entre la recherche de réponses pragmatiques lors de l'enquête et la survenue d'éléments défiant la logique. Sur une autre note, on sent une grande tendresse de l’auteur pour son univers et ses protagonistes. Mention spéciale aux amoureux des chats, qui découvriront un félin blanc doté d’une étonnante intelligence.
Le rythme de l’intrigue est maîtrisé. Entre la rencontre des protagonistes, les lieux à visiter dans le cadre de l’enquête, les courses-poursuites, les séances d’espionnage et révélations, on n’a pas absolument pas le temps de s’ennuyer.
Ce premier tome de la série s’attache, comme son nom l’indique, à la légende de la Malamander et permet de percer certains de ses secrets. Cependant, les énigmes sont tellement nombreuses dans cette ville qu’on a hâte que l’enquête se poursuive dans de nouvelles aventures.
Vous l’aurez compris, je recommande chaudement ce premier tome des Chroniques de Sinistre-sur-Mer à tous les amoureux de romans jeunesse d’aventures fantastiques !
