Les Chroniques de l'Imaginaire

Neuro-science-fiction - Vercueil, Laurent

C’est dans la collection Parallaxe dirigée par Roland Lehoucq, astrophysicien et président du festival international de science-fiction Utopiales, que les éditions Le Bélial' publient Neuro-science-fiction. Et c’est un neurologue, Laurent Vercueil, qui nous parle des interactions entre science-fiction et neurologie et comment elles ne cessent de s’inspirer l’une et l’autre. Le sujet de l’ouvrage consiste ainsi en un dialogue entre neurosciences et science-fiction où les premières questionnent les limites du cerveau quand la seconde présente un élargissement des champs des possibles en proposant des hypothèses relativement plausibles. Les auteurs et les réalisateurs de science-fiction s’inspirent des découvertes scientifiques tout en nourrissant la réflexion des chercheurs.

Dans le film Avatar, c’est le domaine des interfaces cerveau-machine qui est illustré. Dans la réalité, ce domaine fait l’objet de nombreuses recherches et applications notamment destinées aux personnes invalides. Il est aujourd’hui possible de décoder un message dans le cerveau via un signal électrique. Une fois le signal décodé et simplifié, celui-ci est implanté dans une machine (ordinateur, robot) qui sera l’exécutant. Malgré ces grandes avancées, il est toutefois impossible de transférer le contenu du cerveau dans une autre entité car le cerveau humain, avec ses cent milliards de neurones en constante interaction, est beaucoup trop complexe à décoder.

Quant à l’intelligence martienne, l’auteur cite H.G. Wells qui décrit dans La guerre des mondes les trois caractéristiques d’un cerveau martien : « vaste, calme et impitoyable ». Cette œuvre majeure a alimenté au cinéma la représentation d’une figure de l’alien construite en opposition à celle de l’humain. Dépourvu d’émotion et doté d’une intelligence supérieure, il a souvent un crâne plus volumineux, comme en témoignent les films Mars attacks ou Alien. L’extra-terrestre se différencie ainsi de l’humain qui peut être dépassé par ses émotions mais a néanmoins la capacité de développer des structures cérébrales qui permettent de les contrôler. Toutefois, le lecteur peut s’interroger sur le fait qu’un défaut d’empathie serait le signe d’une plus grande intelligence.

Une des questions centrales du livre demeure : quel serait le fonctionnement d’une intelligence supérieure à celle de l’humain ? Pour y répondre, l’auteur nous entraîne dans une réflexion sur un sujet qui fait toujours l’objet de débats dans le milieu scientifique : la définition de l’intelligence et comment la mesurer.

Pour tous les fans de science et de science-fiction qui s’intéressent au fonctionnement et aux capacités du cerveau, la lecture de Neuro-science-fiction s’impose comme un ouvrage de référence.