Dans le cerveau des mamans a pour ambition d’expliquer par les neurosciences les bouleversements à l’œuvre dans les états d’esprit des futures et des jeunes mères. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ses deux auteurs connaissent leur sujet sur le bout des doigts. Hugo Bottemanne est psychiatre, chef de clinique, chercheur en neurosciences et en philosophie, tandis que Lucie Joly est responsable de la psychiatrie adulte périnatale dans les hôpitaux Saint-Antoine, Pitié-Salpêtrière, Tenon et Trousseau à Paris.
Pourtant, on est frappé par l’accessibilité de l’ouvrage. Les auteurs, bien que spécialistes, ont déployé de grands efforts pour se mettre au niveau des lecteurs néophytes et opéré un grand travail de vulgarisation. Il faut certes lire avec attention pour ne pas être perdu mais tout est expliqué avec une très grande pédagogie. Le style d’écriture lui-même est volontairement accessible. Il parvient à maintenir l’intérêt sur la durée en multipliant les exemples donnés, les références à des personnalités ayant témoigné de leur expérience de la grossesse ou du post-partum et, plus généralement, en multipliant les exclamations. La plume est donc enthousiaste. Elle se veut également rassurante en dédramatisant certaines situations par l’explication de leur origine et en évoquant les traitements – si besoin de traitements il y a – généralement prescrits pour telle ou telle affliction.
Chaque début de chapitre se présente sous forme de témoignage : telle femme vient d’avoir un enfant et est exposée à tel problème. Cela permet à la fois de saisir la réalité pratique du phénomène, de comprendre d’emblée comment il se manifeste dans la vie de tous les jours mais éveille également l’intérêt du lecteur, tout en évitant de le plonger tout de suite dans les ressorts biologiques de l’affaire. De même, chaque fin de chapitre comprend un petit encart récapitulatif invitant le lecteur à « aller plus loin », qui permet de vérifier que l’on a bien suivi les explications avancées.
Autre point fort de l’ouvrage, sa lecture peut bien entendu se faire dans l’ordre, du début à la fin, mais il est aussi possible d’y rechercher directement les thématiques nous intéressant plus spécifiquement. De nombreux sujets sont traités en sept parties : le cerveau maternel, le cerveau perceptif, le cerveau hormonal, le cerveau amoureux, le cerveau trompeur, le cerveau déprimé, le cerveau angoissé. Certains, comme le déni de grossesse, le baby blues ou la dépression du post-partum, commencent à être bien connus du grand public mais d’autres comme les mouvements fantômes – sensation de sentir son bébé bouger dans son ventre alors qu’il n’y est plus - ou le stress post-traumatique lié à l’accouchement sont d’ordinaire moins mis sur le devant de la scène.
Au-delà de ces aspects de la maternité, il démontre le pouvoir fascinant du cerveau sur les êtres humains ou, plutôt, des liens parfois défaillants entre le cerveau, le reste du corps et l’état d’esprit des femmes portant ou ayant porté un enfant.
Si l’ouvrage parlera peut-être un peu plus aux lectrices devenus mères, je ne peux que le recommander à tous. En effet, Dans le cerveau des mamans est un livre qui plaira à tous les curieux des neurosciences.
