Les Chroniques de l'Imaginaire

La dernière arche - Benassaya, Romain

Shory n’est encore qu’une enfant quand ses parents sont assassinés et qu’elle manque d’être réduite en esclavage. La vie n’est pas tendre dans la Mésopotamie antique. Par chance, Shory est secourue par Atim, un homme étrange. Celui-ci lui propose un avenir différent : si elle franchit une rivière et protège de sa vie le fort qui se situe au-delà, son existence aura alors un but.

La fillette ne tarde pas à réaliser que la mystérieuse rivière l’a conduite bien loin de ses terres et de son époque natales. Près du fort, la faune et la flore sont exotiques. Ni elle, ni les autres gardiens du fort, surnommés les Vigiles, ne connaissent ces espèces ou ces essences. Et pourtant, les Vigiles viennent de tous les coins du globe et de toutes les époques. Shory est particulièrement proche d’Asceline, adolescente secourue au Moyen Âge par Atim alors qu'elle était sur le point d’être exécutée pour sorcellerie. Les années passent, les Vigiles grandissent et commencent à former des familles.

L’arrivée d’une nouvelle Vigile, la soixante-et onzième, va cependant bouleverser l’équilibre. Lena est originaire du XXIIe siècle et n’a pas rencontré Atim. Elle ne se préoccupe pas de la sûreté du fort car une seule chose compte pour elle : retrouver Noémie, sa fille malade. De plus, elle ne croit absolument pas à la possibilité de voyages temporels. Sa détermination et son scepticisme vont bouleverser l’univers bien rangé de Shory. Devenue adulte, celle-ci n’est plus l’orpheline apeurée de ses débuts, d’autant plus qu’elle est celle des Vigiles qui passe le plus de temps dehors, à la rencontre de la faune et la flore hostiles. Shory décide donc d’accompagner Lena dans sa quête. Elle ignore cependant qu’aucun retour en arrière ne sera possible.

La dernière arche est un roman de science-fiction qui n'hésite pas à s'emparer de nombreuses thématiques à la fois. Le voyage temporel et spatial y cohabite avec les invasions extraterrestres, les quasi dieux ; les univers aux technologies les plus raffinées avec ceux où la survie est tout juste atteinte. On se situe parfois à la frontière de la fantasy voire du thriller.

Les retournements de situation interviennent à de très nombreuses reprises au cours du récit et je n’ose donc trop parler du contenu même du livre pour ne pas gâcher le plaisir de lecture. L’un survient assez rapidement, avec les conséquences de l’arrivée de Lena. Un autre, judicieusement positionné plus loin dans le récit, apporte tout autant de réponses que de questions – avant cela l’intrigue se focalise sur Shory tout en laissant entrevoir la vie d’un autre personnage, au rôle majeur dans cette seconde révélation. La fin du récit contient également son lot de surprises, qui permettent de conclure l’ouvrage en beauté, et ce d’autant plus que beaucoup de réponses sont apportées aux questions que l’on a pu se poser tout au long de la lecture. Vous l’aurez compris, le rythme de l’intrigue est finement maîtrisé : à peine le lecteur se croit-il en terrain conquis qu’il bascule dans un autre univers. L’action est bien sûr au rendez-vous mais c’est davantage dans la résolution des mystères que se situe le plaisir de lecture.

Shory, Asceline et les autres Vigiles ont parfois des comportements un peu déconcertants… mais qui s’expliquent encore une fois en cours de route. Encore une fois, je me bornerai à dire que les dernières pages m’ont scotchée car je ne m’attendais pas à ce type de réponse.

Pour les amateurs de l’auteur, ce roman se situe dans l’univers d’une autre de ses œuvres, Pyramides. Je n’avais pas lu cet ouvrage et je ne pense pas qu’il soit nécessaire de l’avoir fait. Peut-être même ce regard neuf permet-il d’être encore plus étonné par le cours du récit.

Pour conclure, La dernière arche est un ouvrage de science-fiction empli d’énigmes, d’action, qui ne se prive pas de quelques réflexions sur la nature de l’humanité ou du libre-arbitre et qui devrait plaire à tous les amateurs de space-opera aux accents fantasy.