Depuis son arrivée dans la ville de Tevanne, Sancia survit en exerçant ses dons de voleuse. À vingt ans, la jeune femme a déjà vécu son lot d’horreurs et donnerait tout pour être débarrassée de sa faculté très spéciale : elle peut communiquer avec les objets ensorcelés ou plutôt, enluminés, c’est-à-dire dont le fonctionnement premier a été altéré à l’aide de marques jalousement gardées.
Un jour, son receleur l’informe d’un gros coup. Il s’agirait de récupérer une boîte dans un coffre-fort situé en front de mer. Pour Sancia, l’occasion est trop belle. Cependant, rien ne va se passer comme prévu. Une fausse manipulation dans l’usage de ses objets enluminés et voilà qu’elle incendie le front de mer. Pour ne rien gâcher, celui-ci était sous la garde de Gregor Dandolo, un ancien héros de guerre et héritier de l’une des quatre maisons marchandes faisant tourner la ville, un homme épris de justice qui s’est bien juré de mettre la voleuse derrière les barreaux.
De retour dans sa planque, Sancia commet en outre l’imprudence d’ouvrir la boîte. Elle y découvre une clef, un objet à la nature étrange qui ne tarde pas à lui parler et qui se comporte davantage comme un être humain que comme une enluminure. Bien entendu, nombreux sont ceux prêts à mettre la main sur pareil artefact. Commence pour Sancia une fuite éperdue devant des forces qui la dépassent… jusqu’à de nouveaux alliés lui permettent enfin d’affronter de vieux démons.
Les maîtres enlumineurs, premier tome de la série du même nom, est un roman entraînant. On est vite happé par les aventures de Sancia, une course-poursuite qui se transforme en course contre la montre à mesure qu'elle devient davantage maîtresse de sa destinée.
Le concept des enluminures est très bien pensé et efficace. Il rend les scènes d’action palpitantes, riches en rebondissements. Son origine et les clefs de son fonctionnement sont également au cœur de l’intrigue et constituent un bon mystère à élucider.
L’environnement urbain décrit est un peu moins original : quatre maisons marchandes se disputent les innovations en matière d’enluminures, la richesse et le pouvoir dans une société ségrégée où ceux qui n’ont pas la chance d’appartenir à la classe bourgeoise vivotent dans des taudis où règne la loi du plus fort. L’univers fonctionne cependant.
L’alternance des points de vue entre Sancia et d’autres personnages, comme Gregor Dandolo, aide à l’immersion. La communication télépathique entre Sancia, Clef et les objets enluminés est également un plus. Clef est un side-kick à l’utilité bien trouvée et à la personnalité attachante. Les touches d’humour dans ses interactions avec Sancia sont également appréciables et apportent un peu de légèreté dans un paysage au demeurant bien sombre. Les personnages secondaires, comme Gregor, ont des arcs narratifs passionnants même si certaines révélations sembleront évidentes au lecteur aguerri tandis que d'autres se font attendre, sans nul doute en vue du tome 2.
Pour résumer, Les maîtres enlumineurs est un roman fantasy très prenant, au système de magie astucieux et aux personnages intéressants. Les amoureux d’objets magiques, de conflits politiques et de quêtes de justice l’apprécieront. Pour ne rien gâcher, le roman se finit par une apothéose d’action et de retournements de situations qui donne très envie de se jeter sur la suite !