Une jeune femme est assise, seule, sur un banc dans la rue Montgallet à Paris. Elle a pleuré, mais ne se souvient pas pourquoi. D’ailleurs, elle ne se souvient de rien. Le passé n’est qu’un trou noir, et le présent terrifiant.
A côté d’elle, un sac. Qui contient des papiers d’identité, mais la jeune femme ne se reconnait pas dans ce prénom et ce nom : Éloïse Pinson. Malgré tout, elle se rend à l’adresse indiquée pour découvrir un petit appartement où un chat l’accueille, heureux de la voir. La mémoire lui fait toujours défaut, et elle décide de fouiller un peu l’appartement en se demandant si elle est bien chez elle ou si elle a pénétré chez une inconnue. Rien ne lui revient à l’esprit.
Le lendemain, sa mémoire est toujours aux abonnés absents, et après un coup de téléphone de son travail, elle se rend compte qu’elle a une vie et surtout un métier dont elle ignore tout. Elle commence alors à enquêter sur elle-même, sur cette femme qui habite dans cet appartement et qui n’existe plus pour elle.
Parue en 2013, cette BD revient en rayon grâce au film éponyme sorti en 2022. Fruit d’une collaboration entre deux auteurs reconnus dans le métier, nous avons là une histoire forte dont le dénouement n’est pas du tout joué d’avance. Et c’est ce que j’ai trouvé très intéressant dans cette BD, ainsi que le cheminement pour arriver à la conclusion.
En effet, l’héroïne passe beaucoup de temps à tenter de deviner sa vie d’avant. Pourquoi était-elle seule sur un banc, en larmes, ce jour-là ? Que s’est-il passé ? Qui étaient ses amis ? Sa famille ? Son job ? Pour le job, elle le découvre assez vite, elle est libraire. Quant à ses amis, elle découvre qu’elle ne les apprécie pas plus que cela, alors qu’elle se trouve des affinités avec Sonia, une de ses collègues qu’elle semble ne pas avoir fréquenté avant son amnésie.
On suit en quelque sorte la renaissance d’Eloïse qui enquête sur elle-même et dont les découvertes ne sont pas toujours celles dont elle rêvait. Elle se découvre somme toute assez banale, avec des goûts « communs », et la double page où on voit en un clin d’œil tout le contenu de ses placards étalé dans l’appartement nous donne un très bon aperçu sur qui est Eloïse.
C’est une BD sur la recherche d’identité, pas forcément sur le traumatisme de la perte de mémoire et c’est très bien raconté. Les doutes, le questionnement constant, les découvertes, les incertitudes, les déceptions, tout cela est très bien rendu et on ne voit pas le temps passer en lisant.
Le scénario de Boulet est très bien ficelé, et même on retrouve quelques scènes déjà abordées sous une autre forme dans son blog, on ne s’ennuie pas un seul instant. Le style de Pénélope Bagieu s’accorde très bien avec le ton général de l’histoire, et on apprécie l’expressivité donnée aux personnages et les détails qu’elle met un peu partout dans ses cases. C’est vraiment un très chouette bouquin à découvrir ou à relire.