Frodo et Sam viennent de franchir les frontières du Mordor, le pays de l'Ennemi. La quête du Porteur de l'Anneau entre dans sa phase décisive : il doit encore traverser des déserts de cendre et échapper aux Orques afin de la mener à bien. L'attention du Seigneur des Ténèbres est toute entière tournée vers le Gondor, où Gandalf, Aragorn et les autres vont être confrontés à la puissance brute de ses troupes innombrables. Le sort de la Terre du Milieu ne tient qu'à un fil.
Troisième et dernier volet du Seigneur des anneaux, Le Retour du roi conclut en apothéose le roman de J.R.R. Tolkien. Les enjeux sont plus élevés que jamais et les personnages que l'on suit depuis plusieurs centaines de pages se retrouvent dans des situations d'une intensité incroyable, que ce soit sur le champ de bataille du Pelennor ou dans les plaines désolées du Mordor. Le ton est épique à souhait, aussi bien dans la prose que dans les vers qui la ponctuent fréquemment, et l'on ne perçoit que trop bien l'amour de Tolkien pour les grands poèmes médiévaux comme le Beowulf.
Après son paroxysme, le récit accorde aux héros un peu de répit, mais le retour des Hobbits dans leur Comté natal s'avère plus mouvementé que prévu. J'ai toujours trouvé que le Nettoyage était amené de manière un peu précipitée, et l'ancienne traduction du livre m'en avait donné une impression assez mitigée, comme si Francis Ledoux avait commencé à se lasser de ce long roman. Le travail de Daniel Lauzon m'a un peu réconcilié avec ce passage, dont il rend bien mieux à mon sens la variété des émotions, tour à tour comique, épique et pathétique. Les dernières pages, plus élégiaques, sortent elles aussi bonifiées de ce processus de retraduction.
Quant aux Appendices, si leur lecture n'a rien d'indispensable pour apprécier le livre, c'est un bonheur pour le fan de longue date d'en découvrir une version qui soit enfin cohérente dans sa nomenclature avec le reste du texte. En effet, Francis Ledoux n'avait pas souhaité s'en charger au moment de la première édition française et c'était donc une autre traductrice, Tina Jolas, qui en avait assuré la traduction quinze ans plus tard, sans toujours suivre les choix adoptés par son confrère.
Aucune traduction n'est parfaite et celle de Daniel Lauzon ne fait pas exception. Difficile néanmoins de nier que cette deuxième traduction du Seigneur des anneaux constitue une amélioration vis-à-vis de la première : erreurs et coquilles corrigées, nomenclature cohérente, uniformisée et respectant la volonté de l'auteur, poèmes qui riment sans sacrifier le sens, autant de bons points qui justifient amplement son statut de nouvelle version de référence du magnum opus de Tolkien en français.