Sur un fond de vengeance contre la Monarchie française, et en arrière tableau deux guerres, celle de Bretagne et celle dite "folle" en plein quinzième siècle, Pelaez s'en est donné à coeur joie pour brouiller les pistes. Cette époque-là n'est pas facile à digérer, mais cela devient véritablement vicieux quand l'auteur invite dans la grande Histoire un certain Quasimodo sorti de Notre Dame et qui devient l'homme de main de Pierre Le Batard, jeune nobliau décidé à rendre ses comptes à la France.
A cette époque, Charles VIII, jeune roi de France, est un pantin dont les ficelles sont tirées par la régente désignée qui n'est autre que sa soeur Anne de Beaujeu. Louis d'Orléans, duc et premier prince de sang, ne l'entend pas ainsi. Et c'est donc l'occasion toute belle se faire aider par Pierre Le Batard et son compagnon bossu pour vouloir monter sur le trône. Mais pour compliquer le tout, Anne de Beaujeu s'allie à Axel Lochlain, et eux-aussi souhaitent mettre la main sur deux lettres remettant en question la légitimité de Louis au trône de France. Pierre, de son côté, est selon lui le seul à pouvoir récupérer ces documents précieux. Louis ne serait donc pas le fils de Charles d'Orléans, c'est ce que révélerait une de ces missives. Pierre d’Armagnac et Axel Lochlain, le cruel Ecossais, vont se mener une lutte sans merci alors qu’eux-mêmes sont demi-frères par leur mère.
Voilà ! Le tableau est dressé. A vous de bien différencier les visages et les desseins de chacun. Ce second tome doit se lire en restant bien concentré entre les visages qui se ressemblent et les flash-backs de certains personnages nous expliquant des moments cruciaux de leur jeunesse en Ecosse ou ailleurs. Quasimodo, quant à lui, n'apporte pas un rôle crucial à l'histoire si ce n'est qu'il s'accoquinera avec Jeanne la boiteuse, épouse du futur Louis XII.
Pelaez aime la complexité. Ce second tome rassemble la confusion, l'illégitimité, la soif de pouvoir, les secrets de famille, la voyance et les manigances. Bravo l'artiste car ne rien oublier et construire une telle histoire relève de la prouesse et démontre ici tout le talent de l'auteur. Quant aux dessins d'Eric Stalner, ceux-ci sont remarquables notamment pour les scènes de combats. Les décors nous plongent dans l'époque, les couleurs de Florence Fantini aussi.
J'ai noté ma difficulté de bien différencier les personnages, mais cette fresque dépeinte ici vaut le détour par sa qualité. A noter un rappel des protagonistes au tout début de l'album, qui aide énormément, ainsi qu'une chronologie de la Guerre Folle à la fin.
Même si l'auteur a pris la liberté de mélanger certains héros de notre littérature et de notre Histoire, on ne peut que constater que cette bande dessinée est une oeuvre bien écrite, efficace et rudement bien réalisée. Ne colle-t-elle pas bien avec l'Histoire magistralement tordue de notre pays ? A vous d'en juger.