Ceci n’est pas un roman. C’est une novella, un texte court mais percutant qui s’indigne de la première à la dernière page du traitement réservés aux afro-américains, que ce soit par l’état ou la justice.
L’histoire est assez simple. Ella a un Don. Celui de voir le passé, mais aussi l’avenir de ceux qu’elle croise. Elle voit donc régulièrement des scènes qui ont existé, ou qui vont exister. C’est très perturbant pour l’enfant, surtout quand le Don devient de plus en plus puissant, au point de lui permettre de s’envoler.
Quand son frère naît, le jour où Los Angeles s’embrase le 29 avril 1992, Ella sait qu’ils vont devoir quitter la ville, fuir les violences pour que sa famille survive. Ils se retrouvent donc à Harlem, de l’autre côté du pays et c’est là qu’elle va grandir aux côtés de son frère et de sa mère. Mais même dans ce New York tentaculaire, elle ne peut échapper à la violence qui hante le quartier, la ville et le pays tout entier.
Parce qu’Ella est noire. Et que les noirs ne sont pas considérés comme les citoyens blancs par la justice. Et parce que les noirs sont toujours coupables, que les blancs ne sont pas punis, et que la justice n’existe pas pour eux. Et si Ella pouvait utiliser son Don pour renverser la situation ?
Par les yeux d’Ella et de son frère, on découvre un monde d’injustice, un monde violent, où un gamin de dix ans peut être froidement abattu dans la rue, où les flics ont un totem d’immunité qui donne envie de vomir quand on lit les histoires de violences policières.
On découvre aussi combien les afro-américains souffrent de ce manque de considération. La mère d’Ella manque de mourir lors de son accouchement parce que le médecin ne la prend pas correctement en charge. On y voit aussi la misère, les gangs qui s’entretuent, les ravages de la drogue mais surtout l’humiliation. Car c’est cela qu’Ella voit le plus dans les souvenirs qu’elle parcourt.
Et qui va la mettre de plus en plus en colère.
C’est une novella courte mais intense. Un texte fort, très bien traduit, qui se passe de notes de bas de page alors que nous plongeons directement dans un système inégalitaire dont nous ne connaissons que la surface. Mais la plume de l’auteur nous rend le tout bien réel, avec des scènes d’une terrifiante lucidité et d’une grande violence.
C’est un choix très fort de l’éditeur qui ne laisse pas le lecteur indemne.
Le texte est suivi par deux articles écrits par l’auteur, qui raconte un peu son parcours, et qui montre que ce qu’il raconte est bien réel.
À découvrir !