Me Susane est avocate. La petite quarantaine, sans charme ni beauté, elle tente de se faire un nom à Bordeaux et quand Gilles Principaux, le mari d’une femme accusée d’un triple infanticide, vient lui demander de prendre en charge le dossier de celle-ci, Me Susane accepte. Mais elle n’accepte pas que pour l’affaire. En effet, l’homme qui est entré dans son bureau lui semble familier, et elle a l’impression de l’avoir déjà rencontré, plus de trente ans auparavant. Mais le souvenir de la rencontre se dérobe à sa mémoire et cela la frustre au point de l’obnubiler tout au long du roman.
Et puis, il y a cet autre client qui veut changer de nom car le sien serait apparenté à un esclavagiste et il refuse de porter plus longtemps un nom qui lui fait horreur.
Et sa mère qui refuse de se souvenir où elle avait amené la fillette quand elle avait dix ans.
Difficile de résumer ce livre dans lequel je n’ai pas réussi à entrer malgré tous mes efforts. L’ensemble est centré sur Me Susane dont on se rend compte dès le début qu’elle s’aime beaucoup et estime qu’elle fait le bien en prenant une aide-ménagère, Sharon, dont elle n’a pas réellement besoin mais qu’elle accompagne pour obtenir ses papiers. On sent un certain mépris (avec peut-être même un relent colonialiste sous-jacent) envers Sharon, et même envers ses propres parents qu’elle n’estime guère.
On ne saura jamais si Gilles Principaux a déjà rencontré Me Susane. On ne saura jamais ce qu’il s’est réellement passé l’été des dix ans de la jeune fille, si sa mémoire lui cache le pire ou le meilleur. Ce qui est aussi très troublant, c’est cette plongée dans une sorte de folie au fur et à mesure que l’histoire avance et qu’elle s’embrouille de plus en plus. Est-ce qu’elle rêve ? Est-ce qu’elle imagine ? Est-ce la réalité ?
Pourquoi Marlyne Principaux a-t-elle tué ses enfants ? Pourquoi semble-t-elle sous l’emprise de son mari qui s’acharne à vouloir lui pardonner ou lui trouver des excuses, sans jamais se remettre en cause lui-même ? Pourquoi la mémoire de Me Susane lui fait elle défaut ? Pourquoi Sharon ne semble pas pressée de donner son certificat de mariage pour demander la naturalisation française ? Et qui sont vraiment Rudy et Lila par rapport à elle ?
La fin du livre est encore plus nébuleuse que le reste. On se demande même, pendant un temps, si Me Susane n’est pas dans un hôpital psychiatrique. Ce qui ne semble pas être le cas. En tout cas, on n’obtient jamais les réponses aux nombreuses questions.
Et moi, ça m’a frustré.