Les Chroniques de l'Imaginaire

Apollo 11 : comment on a marché sur la Lune - Fetter-Vorm, Jonathan

En 1903, Konstantin Tsiolkovsky invente un propergol liquide et propose d’empiler plusieurs réacteurs les uns sur les autres et de les allumer par étapes. Personne ne prête attention à son invention.
En 1957, le premier satellite russe est envoyé dans l’espace. En 1958, les USA et la Russie tenteront 22 fois de renouveler l’exploit et y réussiront 8 fois.

En 1959, Jerrie Cobb est la première femme à passer et réussir les tests destinés à ceux qui veulent devenir astronaute. Elle égala ou dépassa les résultats établis par les hommes qui avaient passé les tests avant elle. Mais en 1961, elle reçut un télégramme lui annonçant que ses accréditations lui étaient retirées. Aucune femme américaine ne partirait dans l’espace avant vingt ans.

En 1961, Youri Gagarine atteint pour la première fois l’orbite terrestre, coiffant au poteau les USA. En 1962, Kennedy annonce que les USA veulent conquérir la Lune, car c’est un symbole fort face à la suprématie russe. En 1963, les Russes envoient leur première cosmonaute en orbite, précédant une nouvelle fois les Américains dans la course aux étoiles.

Enfin, le 20 juillet 1969, l’homme pose enfin le pied sur la Lune et l’événement est suivi dans le monde entier grâce à la caméra embarquée dans la navette.
Depuis cette date, seuls douze hommes ont posé le pied sur la lune.

Cette volumineuse BD nous raconte l’histoire de la conquête spatiale depuis les premières interrogations humaines au sujet des étoiles et de la Lune, jusqu’à l’envoi d’une Tesla Roadster dans l’espace par la société d’Elon Munsk (avec en bande sonore Space Oddity de David Bowie) en 2018.

Alternant les chapitres qui ont directement trait à la mission Apollon 11, et les chapitres historiques qui expliquent comment la fusée a pu atterrir sur la lune, cette BD est un condensé de l’histoire spatiale et montre certains aspects pas toujours reluisants de la recherche (comme les essais fait par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale, ou la captation des scientifiques allemands par les Américains à la fin de la guerre).

L’auteur montre aussi que les femmes ont eu leur rôle à jouer, même s’il a été occulté assez longtemps et minimisé par les hommes sur le moment. Il nous parle en particulier de Margaret Hamilton, une ingénieure qui créait et testait les programmes d’Apollo. Aidée en cela par des dizaines de calculatrices (humaines) qui traitaient l’information en temps réel, leur contribution n’a jamais été mise en avant à l’époque.

Cette histoire reste tout de même très pro-américaine. Alors que les Russes dominaient la course aux étoiles, les Américains avaient systématiquement un temps de retard, que ce soit sur les avancées technologiques, ou les essais effectués. Ce que ne dit pas cette BD, c’est que les Russes auraient dû être les premiers à fouler le sol de la lune si Sergueï Korolev, un ingénieur russe victime des purges staliniennes, avant d’être placé à la tête d’un bureau d’étude, n’était pas décédé prématurément.

Quelques anecdotes racontés sont amusantes. Par exemple, on y apprend que la combinaison spatiale a été « construite » par Playtex, un fabricant de soutien-gorge. En effet, les couturières de l’International Latex Corporation étaient capable de coudre sans que les points ne s’écartent de plus de 1/25e cm de la couture. Et les 4000 composants de la combinaison étaient tous assemblés à la main pour un poids total de 83kg. On y trouve aussi des clins d’œil amusant, tels que la fusée Acme co page 79.

À la fin du volume, une série de notes sert de bibliographie pour donner les sources qu’a utilisées l’auteur pour écrire et dessiner cette BD.

C’est donc une BD très intéressante à lire. Même si on ne retiendra pas le dessin comme qualité première, l’ensemble demeure très agréable. La mise en page est variée et s’ajuste parfaitement aux aléas de l’histoire racontée. Chaque partie consacrée au passé est d’une couleur uniforme (moutarde, bleu pâle, ocre, vert…) tandis que les planches dédiées à la mission Apollo 11 sont en couleurs plus traditionnelles, un peu ternes toutefois au début pour devenir plus éclatantes par la suite. C’est un choix artistique que j’ai beaucoup apprécié et qui permet de bien différencier les différentes époques de l’histoire.

J’ai justement beaucoup apprécié ce côté historique, mais aussi les explications technologiques qui sont vulgarisées de manière très intelligente. Le résultat est vraiment bien et cette BD rejoint celle de Marion Montaigne et Thomas Pesquet en termes de qualité et d’intérêt.