Personne ne connaît Sébastien Biterau quand il débarque à Paris embarqué dans la voiture de l’animateur de La roue de la fortune mais le monde de la télévision va se rendre compte très vite du flair du jeune homme dans ce monde très concurrentiel. Il plonge dans les coulisses de la télé par la petite porte. Assistant sur La roue de la fortune, il passe ensuite à l’après-midi avec Pascal Sevran tout en cherchant de nouvelles idées et de nouveaux débouchés.
C’est quand il va s’allier avec David, un animateur un peu au creux de la vague mais avec qui il sent qu’il peut faire de grandes choses, que tout va se débloquer pour lui. Ensemble, les deux hommes vont révolutionner les grilles des programmes, jusqu’au jour où Sébastien ramènera un concept innovant des Pays Bas : Big Brother, rebaptisé pour la France Loft Story. La téléréalité va alors faire une entrée fracassante dans les foyers français et s’installer dans la grilles des programmes du PAF.
C’est un roman qui colle de très près à la réalité des années 90. Entre réalisme et récit de fiction, on suit Sébastien, un petit provincial, qui va monter vers la capitale pour réaliser son rêve : travailler à la télévision. Il ne sera pas animateur — son seul essai sera un échec complet — mais un producteur et dénicheur de talents. Sa trajectoire sera idéale, et on a l’impression qu’il ne rencontre jamais aucune embûche. Ça, c’est le côté le moins intéressant du roman. Pas de vraie péripétie, mais un chemin tout tracé vers la célébrité de l’ombre et la fortune.
On rencontre au fil des pages des dizaines de personnages réels ou fictifs. On reconnait très bien dans « David », l’animateur de radio et télévision Arthur, mais il y a une foultitude de personnalités qui sont citées ou qui croisent la route de Sébastien. Un véritable bottin mondain de l’univers télévisuel, que ce soit avec des stars du petit écran, des "has been" ou de futures vedettes.
L’auteur dépeint avec succès un univers assez impitoyable, où ce qui compte réellement ce n’est pas l’émission, mais ce qu’elle rapporte en terme d’argent. Il décrit aussi les travers des coulisses, les fêtes débridées, un peu l’alcool, un peu la drogue — même si j’ai eu l’impression que c’était juste parce qu’il fallait l’évoquer qu’il l’a fait —, les tromperies, les coucheries et les contrats signés à la suite de ces événements mondains.
On regrettera le manque d’émotion qui se dégage de l’ensemble. Certes, on a droit à de belles descriptions, à des scènes intéressantes, mais rien ne m’a fait vibrer dans l’histoire. J’étais juste curieuse de connaître la suite, sans y être impliquée d’aucune manière. Cela est peut-être dû au fait que je ne regarde plus la télévision depuis longtemps, et que c’est un média que je ne fréquente plus que de loin en loin.
Ce n’est pas un mauvais roman malgré quelques passages un peu longs et l’arrivée tardive du cœur de l’histoire — i.e. l'avènement de la téléréalité en France —, je pense qu’il touchera plus facilement une cible de quarantenaires qui regardent encore la télévision que des plus jeunes qui consomment beaucoup plus de contenu visuel sur le net que dans « Le poste ».