Les Chroniques de l'Imaginaire

Oms en série (Oms en série) - Morvan, Jean-David & Hawthorne, Mike

La petite draag Tiwa est ravie que ses parents lui offrent un petit om de compagnie, la femelle des voisins ayant mis bas deux petits. Le petit animal doré est de race pure, et il ne faudra que quelques jours (un jour draag correspond environ à quarante-cinq jours oms) avant que le bébé soit sevré et que Tiwa puisse l'amener chez elle. Elle décide de l'appeler Terr, diminutif de Terrible ! Plutôt que de le laisser dans sa niche, Tiwa aime emporter le petit om partout avec elle, et le garder sur ses genoux pendant qu'elle étudie. 

Au fil des jours et des leçons dont l'enfant draag s'abreuve dans ses écouteurs d'instruction, Terr s'instruit également. Il apprend le langage des draags, mais également la lecture ou encore la géographie de la planète des draags, Ygam. Comprenant que sa soif de connaissances ne sera pas du goût de la famille de Tiwa, Terr finit par s'enfuir.
Terr découvre alors l'existence d'oms libres. Des oms sauvages qui vivent cachés dans un parc, pour ne pas se faire exterminer comme de la vermine ("désomiser") par les draags...

Oms en série est un des grands romans de SF de l'écrivain français Stefan Wul, paru en 1957 dans la mythique collection Fleuve Noir Anticipation. Plusieurs romans de l'auteur ont été adaptés en BD chez Ankama dans la collection Les univers de Stefan Wul ; c'est le cas de celui-ci, dont l'adaptation a été confiée à Jean-David Morvan pour le scénario et Mike Hawthorne pour le dessin. Les trois tomes de la BD sont parus respectivement en 2012, 2014 et 2017, avant d'être réunis en coffret en 2018. A partir d'aujourd'hui, la BD est désormais également disponible en intégrale en un seul volume.

Dans Terr, sauvage, on fait la connaissance des draags, des oms et des relations qui existent entre eux, avant de découvrir l'existence d'oms sauvages qui vivent dans la clandestinité.
Les draags sont des géants humanoïdes à la peau glabre, aux formes fluides adaptées au milieu aquatique et vêtus de combinaisons moulantes. Par rapport aux oms - des humains pur jus pour leur part -, ce sont des géants : les oms tiennent dans la main des draags, le même rapport de taille qu'entre un humain et un hamster. Ils ont également le même rapport espèce dominante / animal domestique, comme on le découvre rapidement notamment à travers le vocabulaire et le discours employés ; les oms de compagnie des draags n'ont guère plus de pouvoir de décision sur leur propre vie que nos propres animaux de compagnie.

Plus tard, les draags prennent conscience de l'évolution rapide des oms. Menés par le cruel Maître Sinh, ils décident de commettre un génocide, contraignant les oms à fuir : c'est L'Exom. Dans un premier temps, leur exode doit les mener en sécurité sur l'un des continents sauvages d'Ygam.
Quelques décennies ont passé entre le premier et le deuxième tome. Terr est devenu le meneur de son peuple, et la société om a fait un gigantesque bond en avant grâce à l'instruction et au vol de technologie draag. C'est une véritable cité souterraine qui s'étend clandestinement sous la capitale des draags... et que Maître Sinh est déterminé à détruire.

Enfin, dans La Vieille-Terr, les oms vont continuer à suivre leur rêve : quitter Ygam pour leur propre planète natale !
Nouveau saut temporel, Terr est désormais un vieil homme. Le récit alterne le présent, avec Maître Sinh toujours décidé à éradiquer les oms, et le passé, où on découvre comment les oms ont colonisé le continent sauvage. Avec un joli retour de Tiwa, qui démontre s'il le fallait que les draags ne sont pas fondamentalement mauvais et que l'amitié inter-espèces est possible.

Je ne sais pas dire à quel point le scénario respecte l'oeuvre originale, mais on a là une BD très sympa. La trame globale reste très prévisible, mais le rythme est bon et on découvre ce qui advient avec plaisir. Malgré son âge, l'histoire n'a pas pris une ride.

Visuellement, c'est également réussi. Les dessins sont agréables à regarder, suggérant sans avoir besoin de trop de texte, ce qui rend la lecture de la BD très fluide.
L'univers des draags est hyper technologique, ils vivent sur des continents artificiels dans des environnements sobres et aseptisés. Cela donne des décors froids et lisses, aux couleurs unies. Cette sobriété se retrouve également dans la nouvelle société om, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'elle soit centrée sur sa survie. Il est plus dommage que les décors restent aussi basiques même dans les environnements naturels. Mais finalement, cela donne à l'ensemble un ton très SF qui convient donc parfaitement.

Voilà une belle BD de SF tout public : pour les amateurs de Stefan Wul, pour ceux qui veulent découvrir une histoire wulienne ou tout simplement pour ceux qui veulent passer un bon moment de lecture !