L'empire borolien, où vit et travaille comme journaliste Dimos Horacki, vise à agrandir son territoire, et c'est à présent le tour des Cerracs, une région montagneuse, d'être envahis sous prétexte d'y apporter la civilisation. Dimos est étonné d'être envoyé au front pour y décrire les hauts faits de Dolan Wilder, le charismatique général chargé de l'opération. Plein de bonne volonté au départ, et convaincu assez naïvement du bon droit de l'empire, il va rapidement déchanter, n'arrivant pas à créer de liens personnels avec les militaires qui l'entourent, et écoeuré par les méthodes employées par Wilder.
Heureusement ou malheureusement, une embuscade qu'il devait accompagner tombe dans un piège, et il est capturé par l'ennemi. Après un temps de méfiance mutuelle, il s'y fait des amis, et fera son métier, qui est de poser des questions et de communiquer les réponses au public. Une fois à Hronople, la ville centrale de ce qui est une fédération de villages liés par un pacte lâche, il se rendra véritablement utile, et sera envoyé à Karrak, la ville qui avait décidé de faire sécession, n'ayant pas la même définition de l'anarchisme que les autres habitants de la péninsule de Hron.
Les utopies de type anarchiste sont suffisamment rares pour être attirantes, et c'est ce qui m'a donné envie de lire le roman de Margaret Killjoy. J'ai trouvé l'idée de présenter la façon dont une société de ce type pouvait répondre à une menace extérieure à la fois bienvenue et plutôt bien traitée, notamment dans la façon dont elle souligne la différence entre Karrak et le reste de Hron. En revanche, l'empire borolien m'a semblé caricatural, surtout dans sa version militaire. En règle générale, les différents thèmes m'ont paru effleurés plutôt que traités à fond, et l'histoire finit en queue de poisson, d'une façon qui paraît pratique pour l'autrice, mais frustrante pour le lecteur : pour ma part, j'aurais eu envie de savoir ce qu'elle prévoyait pour la confrontation plus importante qui s'annonçait.
Les personnages sont le point fort du roman, et le fait que les Boroliens soient moins creusés que les autres se justifie par le fait que le roman est raconté du point de vue de Dimos, qui n'a pas de point vraiment commun avec eux. En revanche, les personnages de Nola et Somos sont cohérents, crédibles et attachants.
En somme un roman prometteur, mais qui à mon avis reste en deçà de ce qu'il aurait pu devenir.