Nous sommes à Rome en 1628 et Apollonia est une apprentie portraitiste très douée. Fille d’un peintre italien reconnu, elle voit sa vie bouleversée quand un des élèves de son père lui fait subir les derniers outrages, et que les juges qui siègent au tribunal à la suite de cette agression décident qu’elle devra épouser son violeur. Apollonia refuse de se plier à cette mascarade et s’enfuit à travers l’Europe dans la défroque d’un moine. C’est en jeune homme qu’elle va parcourir les routes des pays qu’elle va traverser.
Ses pas la mèneront en Hollande, à Amsterdam, où un riche négociant, Cornélius Van Vliet, cherche à découvrir les secrets de la route à travers le Pacifique afin d’atteindre le continent caché. Bien décidé à triompher des obstacles de la mer, il s’entoure d’une équipe de jeunes gens prêts à tout pour tenter l’aventure à travers le monde. Leur première mission ? Récupérer des cartes des routes maritimes en Angleterre, en France et en Espagne. En effet, ces cartes sont des denrées rares et précieuses, et elles sont protégées comme des trésors.
Commence alors pour Apollonia et ses compagnons un voyage maritime qui va les mener au sein même des grandes cours d’Europe afin de découvrir les secrets des cartographes.
Dans ce roman, on suit les pérégrinations d’Apollonia à travers l’Europe. Apollonia qui était promise à un brillant avenir et qui a tout perdu à la suite de son agression. Son honneur, mais aussi ses outils de travail. En effet, ses mains ont été mutilées lors de l’interrogatoire qu’elle a subi pour avoir dénoncé son violeur, et elle ne peut plus peindre. Ce qui lui cause une grande souffrance.
C’est une histoire plutôt bien écrite et très bien documentée. L’autrice a pris le temps de bien se renseigner sur l’époque où se place son histoire, et plusieurs passages évoquent des événements majeurs. Le blocus de La Rochelle par exemple est très bien décrit. On découvre aussi la compétition acharnée entre les pays afin de découvrir des nouvelles richesses dans les pays lointains, ainsi que les affrontements qui en découlent.
Nous avons donc là un bon roman, avec une base historique solide, et si les aventures d’Apollonia et ses compagnons peuvent nous sembler un peu folles, on se laisse facilement embarquer par la plume de Sophie Marvaud.
Cette réédition nous permet de découvrir une jeune héroïne qui, en dépit de son sexe et de la volonté paternelle, refuse de se plier aux diktats de son temps et prend la route afin d’accomplir quelque chose par elle-même. De plus, j’ai beaucoup apprécié les passages explicatifs sur la différence entre peinture flamande et peinture italienne qui étaient très intéressants à découvrir.