Kaori, une jeune fille insouciante et curieuse, est élevée par sa grand-mère. Elle évolue au sein d'une troupe de danseuses. Sa grand-mère est une conteuse très connue qui a été touchée par le Flux très jeune, comme toutes les conteuses les plus célèbres.
Kaori, elle, n'a pas eu la chance d'être touchée par le Flux. Elle sera donc une danseuse banale, comme les autres, sans talent exceptionnel la surclassant et la rendant si demandée. Mais sa condition la satisfait. Son seul regret, ne pas se souvenir de ses parents, morts dans un incendie, d'après ce que lui a raconté sa grand-mère.
Lorsque sa grand-mère bien-aimée meurt, le lendemain d'une soirée où ses contes ont été encore plus merveilleux que d'habitude, c'est le chaos dans la vie de Kaori. La troupe va être démantelée, que va devenir la jeune fille de quinze ans à peine ? Elle est confiée à un lointain oncle, dans une maisonnée où elle va pouvoir parfaire son art de la danse. Mais les événements vont s'enchainer et sa vie va complètement basculer lorsqu'elle va se faire agresser dans la rue par deux hommes.
Accusée de meurtre, et surtout en possession d'un objet interdit, il va falloir fuir les moines et le Flux.
Peu de jours après le décès de sa grand-mère, en rangeant les affaires de son aïeule, Kaori avait trouvé un objet étrange. Elle avait réussi à l'ouvrir pour constater avec effroi qu'il contenait un papier sur lequel, semble-t-il, des mots étaient écrits. Or, depuis toujours, l'écriture est interdite. Seul l'Oral est autorisé. D'où l'importance des conteuses et des conteurs.
La première moitié du roman raconte cette vie étrange, à la mode japonaise de l'ancien temps, avec les danseuses, les conteuses qui sont louées pour une soirée par un riche seigneur pour épater leurs invités, la vie en communauté dans des maisons aux cloisons de papier.
Mais on sent également la présence du Flux, dont il est régulièrement question sans savoir en quoi cela consiste, ainsi que de petits indices parsemés ici ou là indiquant que nous ne sommes pas sur la Terre, mais sur un autre monde, et qu'il existe d'autres mondes avec d'autres peuples.
Après l'agression de Kaori, l'histoire prend assez rapidement un autre tournant, plus orienté vers la science-fiction, mais toujours raconté dans cette plume poétique, comme dans Le Dit de Genji dont l'autrice s'est inspirée.
La cohabitation est assez déconcertante, parfois réussie, d'autres fois moins. Pour ma part, les cent dernières pages n'ont pas été aussi faciles et agréables à lire que les quatre cents précédentes. Le dénouement est proche, mais trop long, trop étiré, et cela peut devenir lassant. De plus on reste sur notre faim, car même si on a quelques réponses, elles sont incomplètes, et pas toujours très cohérentes. Comment le Flux, un système aussi pointu, peut-il fonctionner sans aucun écrit ? Ne serait-ce que des 0 et des 1 comme tout bon code informatique qui se respecte ?
Tout comme les bonds de plusieurs centaines d'années dans le temps, où au bout de six cents ans, presque tout est comme avant.
En résumé, une tentative de mêler le monde classique japonais avec une science-fiction pointue relativement réussie, mais un peu décevante sur la fin, comme si l'autrice s'était emballée.
L'écriture est belle, poétique, très agréable à lire, et rien que pour cela, c'est un roman qui en vaut la peine.