Fille de général, Elma fut l'une des rares femmes à piloter des avions de combat durant la Seconde Guerre Mondiale. Depuis son retour à la vie civile, elle cherche sa place dans une société encore très sexiste. Son scientifique de mari, Nathaniel, a délaissé le projet Manhattan pour se tourner vers l'étude de l'espace. Et, en 1952, c'est justement une météorite qui s'abat sur la côte Est des États-Unis. Par chance, le jeune couple profitait d'une escapade amoureuse et réchappe à la tragédie qui coûte la vie à la majeure partie de leurs familles et amis.
Alors que le pays tente de s'organiser pour faire face à cette tragédie, et à la disparition de la plupart de ses hommes politiques, Elma lutte contre le machisme ambiant et contre son anxiété pour faire entendre sa voix. Un immense danger menace en effet la planète. Le climat ayant été altéré par la chute de la météorite, il ne reste plus que quelques années pour trouver un autre foyer à l'humanité.
Mary Robinette Kowal nous dévoile ici un passé alternatif, des années 50 où la guerre froide est coupée court par un péril imminent et global. L'intrigue se base cependant sur des ficelles bien propres au vingt et unième siècle : la question du changement climatique, ici causé par la chute du météorite, et de la nécessité de trouver un moyen d'y survivre. Ici, point de salut sur Terre, c'est bien vers l'espace que se portent les efforts. Le lecteur devra toutefois être prévenu que, l'espace, il ne le verra pas dans ce tome qui se consacre presque exclusivement à la préparation du départ.
Ce départ vers l'espace sera bien entendu, on le sait depuis le début, celui d'Elma. Ce roman se veut un ouvrage féministe, dont l'héroïne lutte pour s'affirmer dans un monde d'hommes aux mains baladeuses, faisant fi de son intelligence pour tenter de la reléguer aux sorties shopping ou aux séances photo publicitaires en bikini. Néanmoins, la sauce n'a pas pris pour moi car Elma, en proie à des crises de nerfs impressionnantes, se rapproche malheureusement du stéréotype de la femme hystérique, émotive et cyclothymique à qui on ne confierait très certainement pas le sort de l'humanité. Elle est également pleine de paradoxes, entre respect des traditions et volonté d'autre chose. Il est difficile de la suivre ou de comprendre vraiment ce qui l'anime. Très vite, je me suis trouvée à ne plus la supporter et c'est dommage car la narration ne suit que son personnage !
Certains passages sont assez sombres : la catastrophe en elle-même, la mort d'enfants, la maladie mentale nauséeuse d'Elma... La tonalité générale du livre est assez déprimante même si l'avancée de l'intrigue apporte des notes d'espoir grâce à l'aventure spatiale qui se profile. Quelques scènes de sexe et la relation parfaite d'Elma avec son mari apportent un changement bienvenu, bien que parfois étrange, à cette ambiance.
L'auteure porte une attention toute particulière à la représentation de la diversité dans son œuvre. Le lecteur côtoie des personnages secondaires de différentes nationalités, confessions religieuses, couleurs de peau, etc. Cette intention louable trouve sa limite dans le choix de ne révéler que le point de vue d'Elma. Comme je l'ai dit, elle sera la seule que l'on suivra d'un bout à l'autre du récit. Les personnages secondaires demeurent ainsi un peu creux et se résument presque à leur appartenance à une catégorie discriminée, ce qui est tout de même dommage. Nathaniel, le mari d'Elma, n'a pas beaucoup plus de profondeur. Si j'ai aimé leurs interactions au début du roman, il m'a surtout marquée comme le personnage validant constamment le point de vue ou les émotions de sa femme, à tel point qu'il ne semble pas avoir d'existence indépendante. De même, l'univers manque un peu de profondeur. La situation géopolitique de la planète n'est abordée que de loin.
Du côté des points positifs, les passages sur le caractère plus technique des préparatifs au départ dans l'espace se lisent sans déplaisir et devraient plaire aux amateurs de hard science-fiction.
Vers les étoiles est un roman qui plaira aux lecteurs désireux de découvrir l'envers du décor de la préparation d'une expédition spatiale mais surtout à ceux que ni la technique ni les héroïnes à fleur de peau ne rebutent.
