Les Chroniques de l'Imaginaire

L'été où tout a fondu - McDaniel, Tiffany

D'ordinaire je prends toujours du temps pour digérer une lecture afin d'avoir le recul nécessaire pour essayer être le plus objective possible. Sauf que cette histoire est tout sauf ordinaire ! J'ai ressenti le besoin d'en parler à chaud tant elle m'a écorché vive pour mieux me laisser K.O. 

Avec son précédent titre Betty, je pensais avoir LA lecture marquante de l'année (bien que je l’aie découvert sur le tard). C'était sans compter sur ce roman qui vous déchire en deux pour mieux sonder la profondeur de votre âme.

Pourtant, comme dans Betty, j'ai connu un début de lecture un peu laborieux. J'avançais petit bout par petit bout, les premières pages étant consacrées à la mise en place du décor : l'été de l'année 1984, à Breathed, un village situé dans l'état de l’Ohio, dans les contreforts des Appalaches, avec ses modestes habitants aux profils typiquement américains, son équipe de base-ball, son shérif, son tribunal, ses fermes alentours et puis… l'arrivée de Sal. Ce jeune garçon à la peau noire et aux yeux verts qui se présente comme le diable en personne.

Vêtu d'une simple salopette crasseuse dont la toile de jean semble s'effilocher de partout, il répond à l'invitation lancée par le procureur Autopsy Bliss, le père du narrateur, curieux de vérifier l'existence du Prince des Ténèbres. Évidemment au départ, personne n'ose trop y croire et les adultes orientent leurs recherches autour de la piste d'une fugue. C'est alors que d'étranges événements semblent se produire et affecter le quotidien des habitants. 

C'est donc doucement mais sûrement que l'on sent le feu commencer à nous mordre la peau. Pour tout vous dire, j'ai même l'image de la grenouille qui reste dans la casserole pendant que la température s'accroît progressivement. Non pas que l'on soit pris au piège mais plutôt parce qu'une fois installé au sein de la famille du narrateur, on s'attache à chacun d'entre eux et jusqu'au bout je vous assure que je n'ai pas réussi à lâcher prise. 

Je me suis débattue vers la fin, tel un animal. J'ai eu envie de mordre, de rage, de peur et de colère. J'ai pleuré de dégout et gémi de désespoir face à la bêtise de ce monde et de ces gens parfois cupides, ignorants et le plus souvent en proie à des désirs d'une violence inouïe. 

Ça parle d’innocence perdue, d'amour, d'homosexualité, de foi, de rédemption, des choix que l’on fait, de ceux que l’on regrette, de ceux que l’on manque, et surtout de ceux qui nous hantent à jamais. C'est imagé, percutant, sombre mais beau malgré tout. Ça prend aux trippes et c’est vraiment difficile d'en sortir indemne tant certains passages résonnent encore après la dernière page. Bref, c'est du McDaniel tout craché et c'est un énorme coup de cœur !