Mycroft Holmes, qui gravite dans les plus hautes sphères du pouvoir, demande à son frère Sherlock Holmes d’enquêter sur la mort de Lucy Westera et de Dracula, un noble transylvanien désigné comme vampire par le célèbre professeur Van Helsing qui a aidé à son élimination. Mycroft confie alors à Sherlock l’ensemble des documents connu sous le nom de « dossier Dracula », en lui demandant expressément de garder tout cela secret.
Convaincu, tout comme son frère, que les vampires n’existent pas et que le comte Dracula était un humain tout à fait comme les autres, Sherlock entreprend alors de faire des recherches en se basant sur l’adage « à qui profite le crime ? ». Très vite, il découvre des irrégularités dans le dossier, des témoignages ont été visiblement modifiés et des éléments semblent être manquants. Aidé de Watson, Sherlock se lance donc dans une enquête où il compte bien mettre sa sagacité à l’épreuve afin de démontrer que, oui, les vampires ne sont que du folklore.
Ce crossover entre les enquêtes de Sherlock Holmes et le roman gothique Dracula est une franche réussite. Mêlant habilement les déductions logiques de Holmes avec les faits décrits dans Dracula, l’auteur arrive à nous faire entrer dans une histoire parallèle et nous démontre avec brio pourquoi Dracula ne pouvait pas être un vampire.
L’auteur réussit sans coup férir un mélange de genre qui, au premier abord, ne semblent pourtant pas pouvoir se rencontrer. Mais l’affrontement entre Holmes et Van Helsing se révèle passionnant, même s’il y a quelques longueurs dans le récit. Les pérégrinations de Holmes et Watson dans Londres, ainsi que dans les comtés environnants dans les pas de Dracula, de Renfield mais aussi de Van Helsing nous perdent un peu car elles sont nombreuses et il faut parfois un peu s’accrocher pour suivre les déductions de Holmes qui sont, comme dans les récits originels du canon holmésien, parfois brumeuses avant qu’il n’y apporte ses explications.
Mais je n’ai pas boudé mon plaisir de lecture, la traduction se révélant excellente pour coller au plus près du style de Conan Doyle. Le livre en lui-même est un bel objet, avec sa couverture ornée de dorures à chaud, et sa tranche dorée. Le papier utilisé est aussi très agréable, lisse sous les doigts, et donne une impression de qualité. Quant à la mise en page, j’ai beaucoup apprécié les entêtes de chapitre, qui sont très jolies ainsi que les ornements qui entourent chaque numéro de pagination.
Une très belle réussite donc pour ce volume qui prend place dans la collection Steampunk de chez Bragelonne. Ce livre s’inscrit tout à fait dans l’héritage holmésien, et j’ai trouvé l’idée de faire enquêter Sherlock Holmes sur Dracula très originale. Même si la rencontre du très cartésien Sherlock avec Dracula a déjà été imaginé auparavant dans d’autres récits, c’est la première fois que le célèbre détective doit prouver que Dracula n’a jamais été un vampire, et que tout n’était qu’une machination. Et c’est une réussite.