Les Chroniques de l'Imaginaire

47, allée du Lac - James, Peter

Jason et Emily Danes forment un jeune couple au futur prometteur. Artiste-peintre, Jason vient d'obtenir un franc succès dans une galerie d'art et doit s'atteler à la production d'une nouvelle collection de peintures pour une exposition très attendue. Claire est une cheffe à l'entreprise de traiteur en vogue. Leurs finances étant au beau fixe, les amoureux décident de s'offrir un espace de vie plus luxueux, avec une grande cuisine pour Claire et un atelier d'artiste pour Jason.

Leur intérêt se porte très vite sur Cold Hill, où un nouveau lotissement vient de sortir de terre sur le périmètre d'un ancien manoir. La maison vedette de l'opération est justement à la recherche de ses premiers propriétaires. Connectée et à la pointe de la technologie, elle n'a pas grand chose à voir avec l'édifice poussiéreux qui se trouvait à sa place quelques mois avant. Pourtant, on n'efface pas le passé si facilement, surtout quand une malédiction est à l’œuvre. Les habitants du lotissement, les Danes en première ligne, ne vont pas tarder à s'en rendre compte.

47, allée du Lac mêle deux aspects propres au genre horrifique : l'idée d'un lotissement neuf mais construit sur un territoire maudit, généralement un cimetière indien, et la classique maison hantée. L'action se déroulant en Angleterre, le cimetière indien est éjecté au profit d'un domaine seigneurial tout aussi maudit. On a donc la chance d'avoir un lotissement entier hanté, dont la maison des Danes est l'épicentre.

Le décor est bien planté : le lotissement à peine sorti de terre et presque vide d'occupants, la maison vedette à la technologie pas tout à fait au point, la petite vie de village perturbée par le chantier. Le rythme est également maîtrisé. Les apparitions ne tardent pas à se jouer des Danes et des Penze-Weedell, leurs voisins et seuls autres occupants vivants du lotissement. Un étrange compte à rebours sur l'ordinateur de Jason, des visions de plus en plus dérangeantes, des situations inexplicables, ont aussi de quoi tenir le lecteur en haleine.

L'ouvrage contient un humour assez loufoque auquel je ne m'attendais pas. Les fantômes sont de sacrés chenapans qui n'hésitent pas à placer des répliques bien senties ou à subtiliser des portraits de labradoodles. Les Penze-Weedell sont une caricature d'Anglais aussi arrivistes que traditionalistes, qui pourraient tout aussi bien figurer dans un livre pour enfants au rang des personnages mesquins et antipathiques. Certains des passages les concernant sont jouissifs à lire mais ne sont pas à proprement parler effrayants puisqu'on ne s'attache pas à eux.

La résolution du livre est pleine d'émotions, de visions d'horreur et d'humour mais ne sera peut-être pas pour tous les lecteurs car elle n'apporte pas toutes les réponses aux questions que l'on peut se poser.

En conclusion, 47, allée du Lac mise sur la loufoquerie pour contrebalancer ses thématiques les plus sombres. En ce sens, cet ouvrage est un roman d'épouvante divertissant, à défaut d'être terriblement effrayant.