Quelque part dans notre galaxie se trouvait un gigantesque nuage de gaz et de poussières. Une perturbation est venue bouleverser son fragile équilibre, ce qui le fait s’effondrer sur lui-même. Des sphères vont naître, embryons d’étoiles et de planètes. La plus grosse va atteindre une chaleur telle qu’elle va devenir une étoile. Les autres sphères et les poussières restantes vont s’agréger autour de cet embryon d’étoile. Ce processus, long de plusieurs milliards d'années, va donner naissance à un système solaire, comparable au nôtre. Ou même tout à fait différent, car on a observé des systèmes planétaires composés de six étoiles !
Dans ce système planétaire, y a-t-il des planètes susceptibles d’abriter la vie ? Il faut qu’elles ne soient ni trop petites, car il lui serait impossible de retenir les molécules gazeuses qui composeront son atmosphère, ni trop grosses, car une gravité trop forte empêcherait les échanges moléculaires qui sont à la base de la vie. Elles seraient également situées à une distance ni trop proche, ni trop éloignée de son soleil, ce qui permettrait d’avoir une présence d’eau liquide, base indispensable de la vie telle que nous la connaissons.
De l’eau liquide, du carbone et d’autres éléments qui s’assemblent pour former des macromolécules organiques qui sont les premières briques de la vie telle qu’elle est apparue sur notre planète. C’est ainsi que nous la concevons et que nous la recherchons dans l’univers. Mais nous avons découvert sur la Terre des variétés de bactéries extrémophiles capables de vivre dans les lacs acides ou sous une pression énorme tout au fond des océans. Alors, la vie ne pourrait-elle pas exister sous une autre forme ? Sur Terre la vie a pris des formes tellement différentes au fil du temps (de la bactérie au dinosaure) qu’il est difficile de s’imaginer quelle forme elle pourrait prendre sur une autre planète. D’autant plus que certains scientifiques s’accordent sur le fait que le silicium, lui aussi très présent dans l’univers, pourrait remplacer le carbone dans les cellules vivantes.
Suite à cette première partie rédigée par les scientifiques Roland Lehoucq et Jean-Sébastien Steyer, les auteurs de science-fiction prennent le relais pour imaginer les différentes formes de vie. C’est Laurent Genefort, l’un des plus prolifique auteur français en matière d’alien (il suffit de lire sa nouvelle Opexx), qui est à la manœuvre. Tout d’abord en traduisant deux textes d’auteurs anglophones. Le premier de Willy Ley. Il aborde ce sujet sous un angle historique, quand les auteurs du moyen-âge imaginaient des créatures fantastiques (par assemblage ou altération de ce que nous connaissons), prémices d’alien provenant d’une autre planète. Le second d’Hal Clément adopte une démarche plus scientifique. En explorant d’abord les possibilités physico-chimiques d’une vie extraterrestre avant de passer aux possibilités mécaniques. Concluant cette partie, Laurent Genefort donne lui aussi quelques conseils pour imaginer un alien, s’attachant plutôt à son écosystème et les interactions entre les différentes races peuplant une exoplanète.
Bien qu'austère, la première partie de La Vie Alien est très intéressante. Les chercheurs ont fait beaucoup d’efforts pour vulgariser les dernières recherches scientifiques sur l’apparition des systèmes solaires et de la vie qui pourrait s’y trouver. De plus, cette partie est agrémentée du jeu d'Hal Clement qui cherche à identifier les contradictions entre un livre de science-fiction et les connaissances scientifiques actuelles. Ce qui tendrait à dire par exemple que les vers géants de Dune ont été importés, la - courte - durée de vie de l’étoile d’Arrakis ne permettant pas l’apparition d'une vie indigène. Paradoxalement, c’est la partie rédigée par les auteurs de science-fiction qui m’a paru la moins attrayante. En listant toutes les contraintes sur les différentes formes de vie qui pourraient exister, une part de rêve disparaît. On arrive presque à se dire que tout existe ou a déjà été écrit.
Néanmoins, La Vie Alien est une lecture passionnante, tant le dialogue entre les auteurs de science et de science-fiction m'a ouvert l'esprit et a remis en cause les quelques certitudes que j’avais sur ce sujet.