Mia a seize ans. Il y a six ans déjà que son père été assassiné et que sa mère et son petit frère ont été emprisonnés. Mia n’a réchappé que de justesse à la mort, et se terre depuis dans les bas-fonds de la ville. Formée par le Shahiid Mercurio qui lui a enseigné tout ce qu’il savait en matière de poison et d’assassinat, elle rêve d’intégrer L’Église Rouge, afin de parfaire son éducation. En effet, c’est une école d’assassinat réputée et très dangereuse. Personne n’a le droit d’échouer. La mort fauche quiconque rate une épreuve. Et seuls quelques élus réussissent la totalité des épreuves et deviennent une Lame au service de L’Église.
Après un voyage épique dans les Plaines Chuchotantes où elle fait la connaissance de Tric, qui va devenir un de ses condisciples, elle intègre l’école en tant que Disciple. Soumise à la rude autorité des Shahiid qui enseignent dans l’école, Mia va apprendre l’art du combat, parfaire ses connaissances en poison, arriver à soutirer des secrets lors de missions en ville, mais aussi être soumise à un entrainement sans pitié. La mort est omniprésente, et les professeurs dénués d’empathie. Si un élève échoue, il meurt. Elle fait aussi la connaissance d’autres Disciples qui tous rêvent de devenir des Lames. Mia, elle, ne perd jamais de vue son but ultime : éliminer ceux qui ont fait tuer son père et emprisonner sa mère.
Mia a un atout dans sa manche. En effet, la jeune fille est capable de contrôler les ombres, de se fondre dans la moindre flaque d’obscurité, ou encore de s’en faire un manteau pour se dissimuler aux yeux des autres. Accompagnée de Gentilhomme, l’Ombre de son ombre, elle va tout faire pour découvrir d’où vient son étrange pouvoir et pourquoi elle a été choisie pour en être le réceptacle et devenir une enténébrée.
Alors, comment dire que ce livre est une véritable pépite ? Déjà, on ne s’y ennuie pas un seul instant. Ensuite l’auteur joue sur plusieurs tableaux à la fois, avec une habileté consommée. On a donc une héroïne forte, intelligente et à l’esprit vif (mais pas au point de tomber dans le cliché de la Mary-Sue de bas étage), qui veut venger la mort de son père. Scénario ultra classique dans le genre, c’est du vu et revu, mais ce n’est pas un souci tellement l'histoire se révèle prenante. Elle a un mentor (toujours classique) et intègre une école d’assassins. Si je devais résumer ce premier tome, je dirais que c’est un remake de Harry Potter à l’école des sorciers, mais version hardcore. Pas de professeur compatissant. Pas de camarade trop gentil (tout le monde doit se méfier de tout le monde). Pas d’épreuve plus facile que d’autres. En cas de manquement à la discipline ou de raté en cours, au mieux une mutilation, au pire la mort. Chaque cours peut être le dernier, et même l’athénée (la bibliothèque de l’école) grouille de dangers.
J’ai beaucoup apprécié aussi toutes les portes que l’auteur ouvre au cours du livre, et qu’il referme au fur et à mesure. Par exemple, le cheval que Mia vole dans la première partie du livre — et qui déteste la jeune fille au plus haut point — réapparait inopinément dans les derniers chapitres. Tout comme le mentor de Mia. Mais comme c’est très bien écrit, qu’il y a beaucoup d’actions et de rebondissements, cela ne semble ni forcé ni artificiel. On se laisse entraîner sans problème dans les aventures de Mia.
Une des particularités de ce livre — qui m’a fait hurler de rire plus d’une fois —, ce sont les notes de bas de page. L’auteur les aime. D’un amour fou. Cela se voit. Je me suis même demandé s’il n’était pas un grand fan de Terry Pratchett car, à part lui, c’est le seul auteur que je connaisse qui use et abuse des notes en bas de page, qui font parfois plusieurs dizaines de lignes. Au lieu de nous assommer avec un world building qui aurait pu être indigeste, Jay Kristoff préfère nous livrer des informations sous forme de notes. Notes qui peuvent s’étirer sur plusieurs pieds de page, et raconter aussi bien des anecdotes futiles, faire des commentaires sur les protagonistes, que raconter des morceaux d’histoire, qui ne peuvent pas prendre place dans l’histoire ou dans le texte principal, et que l’auteur place donc en note de bas de page. Certaines sont hilarantes, et d’autres ouvrent une perspective sur le passé de la Cité, du Pays, ou expliquent certaines particularité du Lore.
Bref, vous l’aurez compris, j’ai adoré ce livre, et cela faisait longtemps que je n’avais pas été autant enthousiasmée par une trilogie de fantasy. J’ai donc très hâte de savoir comment vont se passer la suite des aventure de Mia, qui continue à chercher les assassins de son père.