Les Chroniques de l'Imaginaire

Terukan Boys - Nakahara, Yü

Satoshi, Ryöhei et Kôta sont des amis d’enfance. Désormais trentenaires, le premier possède son propre garage grâce auquel il vivote avec sa femme et sa fille, le second est maltraité par son supérieur dans une société d’assurance et est toujours célibataire, et le dernier est un musicien qui se cherche toujours en vivant aux crochets de sa petite amie. Quand ils étaient adolescents, le trio avait formé le groupe des Terukan Boys en rêvant de gloire et de célébrité. Mais la vie en a décidé autrement et chacun galère plus ou moins dans son coin.

Alors qu’ils se revoient pour la première fois depuis plus d’un an, les trois hommes découvrent que l’un de leur ancien camarade de classe, Hamada, est en passe de devenir un pionnier dans le domaine de l’IT. Cela leur met un coup au moral, car ils se rendent compte que l’adolescent effacé et peu sûr de lui réussit mieux qu’eux dans la vie. Ce qu’ils ne peuvent pas savoir, c’est que Hamada est harcelé par un groupe de yakuzas dont l’un des membres est aussi un de leurs anciens camarades d’école.

Cette découverte va leur donner l’opportunité de sortir de leur routine et faire ce qu’ils n’ont jamais osé faire auparavant : faire un braquage à trente millions de yens…

Ce manga, qui est un one shot, est une véritable pépite. Autant du point de vue du scénario que de la construction visuelle qui amène naturellement le lecteur à se poser des tas de questions. Pourquoi décider de braquer un vieil ami ? Pourquoi maintenant ? Ne sont-ils pas en train de rendre leur vie impossible ?

Quand on découvre le pot aux roses, c’est une véritable révélation. Car si tout au long de l’histoire, il y a des indices qui nous sont donnés, c’est un peu difficile d’imaginer qu’une promesse faite quand ils étaient adolescents puisse être tenue par des adultes.

C’est un manga qui parle d’adultes confrontés à des difficultés, qu’elles soient financières, émotionnelles ou d’engagement, mais c’est aussi un manga qui parle de la nostalgie du passé, du difficile passage de l’adolescente à l’âge adulte, d’amitié et d’amour.

Un des points forts de l’histoire c’est d’arriver à nous faire apprécier chacun des protagonistes (même le yakuza de service) pour différentes raisons. Satoshi parce qu’il tente de s’en sortir alors qu’il est trop perfectionniste, Ryöhei parce qu’il est maltraité par son supérieur et qu’on a un peu envie de le secouer pour lui dire qu’il doit s’échapper de l’emprise de cet être toxique, et Kôta parce qu’il rêve toujours de devenir un musicien professionnel reconnu et faire de la bonne musique. Mais on les apprécie aussi une fois qu’ils sont en groupe, car ils se complètent et que leur amitié dure depuis très longtemps malgré les aléas de la vie.

Et même si cette histoire n’est qu’une parenthèse dans leur vie, on se rend compte qu’elle leur est nécessaire pour avancer et pour faire le deuil de leur jeunesse. Une fois la dernière page tournée, on sait qu’ils vont pouvoir avancer et ne plus regarder qu’avec nostalgie leur adolescence, sans plus de regret.

Vraiment une très belle réussite et mon premier coup de cœur de l’année 2023 !