Les Chroniques de l'Imaginaire

Victoria, reine et impératrice 1819-1901 - Dufour, Hortense

Celle qui deviendra la reine Victoria est née en 1819 et morte en 1901 après avoir régné sur le royaume de l’Angleterre, le Canada, l’Inde et l’Australie pendant un total de soixante-trois ans et sept mois. Seule Elizabeth II atteindra puis dépassera cette durée, avec plus de soixante-dix ans de règne. 

Quand Victoria voit le jour, elle est cinquième dans l’ordre de succession au trône. Son père meurt alors qu’elle a à peine un an, et c’est sous le joug de sa mère et de l’amant de celle-ci, John Conroy, qu’elle va grandir dans le palais de Kensington et développer une aversion marquée pour le couple qui la maintient étroitement prisonnière dans leur giron. Leur surveillance est tellement stricte pour la future reine qu’elle ne peut être jamais seule. Ces règles sont connues sous le nom de « Système Kensington » et dès que Victoria atteint son dix-huitième anniversaire, elle va commencer à s’éloigner de sa mère pour s’émanciper. Heureusement pour elle, durant son adolescence, la future souveraine peut compter sur les conseils avisés de son oncle, Léopold Ier de Belgique, qui deviendra pour elle un véritable mentor.

A dix-sept ans, Victoria fait la connaissance de son cousin Albert de Saxe-Cobourg-Gotha et en tombe amoureuse. Ce jeune homme doux, intelligent et cultivé deviendra son mari et son meilleur ami. Il supportera ses colères formidables et sera l’un des instigateur de la première exposition universelle en 1851. Ensemble, ils auront neuf enfants, malgré le dégoût de Victoria pour la grossesse et les accouchements. Elle n’aimait pas non plus les bébés, préférant les enfants un peu plus grands. Grâce à des alliances politiques et des mariages arrangés, ses enfants seront essaimés dans toute les familles royales du continent, faisant d’elle la « Grand-mère de l’Europe ». Une grand-mère qui, hélas, a transmis des tares via son sang, en particulier l’hémophilie.

Je ne vais pas résumer en quelques mots la vie d’une femme qui a vécu plus de quatre-vingt ans, a été reine puis impératrice pendant plus de soixante ans, a eu de nombreux heurts avec les ministres, était atterrée par la pauvreté de certains de ses sujets mais pleurait plus sur la mort de ses chiens que sur celles des soldats qui mourraient pour l’Empire.

C’était une femme complexe, passionnément amoureuse de son mari, puis, sans doute, d’un domestique écossais, John Brown, qui l’aidera à sortir de l’isolement dans lequel elle s’est complu pendant plus de dix ans à la mort de son mari. Sous son règne, l’Angleterre va connaître sa plus grande expansion, et conquérir le monde.

Cette biographie est dense, touffue, plus de six-cents pages de faits historiques ou romancés, et n’est pas désagréable à lire. J’y ai appris pas mal de choses, mais l’autrice a la fâcheuse tendance à répéter certains faits à l’excès. Comme la haine de Victoria envers Conroy, le « Dear Albert » qui revient comme un leitmotiv tant qu’Albert est en vie, etc. Je veux bien comprendre que ça peut être un effet de style, ou là pour souligner cette haine (qu’elle aura aussi envers d’autres, comme son fils Bertie qu’elle va accuser pendant quarante ans de la mort de son père Albert).

L’autrice passe aussi du coq à l’âne, se répétant parfois, mais omettant certaines explications. Par exemple G.O.M. pour parler de Lord Gladstone à sa mort. Aucune occurrence de G.O.M. auparavant et surtout aucune explication sur cet acronyme (qui veut dire « Grand Old Man », tiré de la notice Wikipédia de Gladstone).

J’ai aussi noté sans doute un manque de relecture. En effet, certaines phrases n’ont aucun sens car il y manque visiblement un ou plusieurs mots voire carrément des lettres dans certains mots. Le même souci se pose dans au moins une légende de photo (pour le portrait d’Albert de Saxe Cobourg-Gotha où il manque une lettre et un mot).

Et pour terminer, j’ai tiqué sur une scène. Est une vérité historique ou emprunt à la série Netflix The Crown, et arrangée pour l’occasion ? Son mari Albert explique à Victoria qu’elle doit d’abord regarder les dossiers qui sont au fond de la boîte rouge, car les ministres y mettent les dossiers dont ils veulent ralentir l’examen. Or c’est exactement ce que fait le père d’Elizabeth quand il lui explique le fonctionnement des boîtes rouges dans la série.

Cette biographie peut être une bonne porte d’entrée pour apprendre à connaître Victoria, et, dans une moindre mesure, le siècle où elle a vécu.