Les Chroniques de l'Imaginaire

Les flots ensorcelés (La coureuse des grèves - 1) - Dufresne, Mélanie

Viviane l'océanide s'habitue peu à peu à son rôle d'hôtesse du manoir Cormoran, refuge pour créatures surnaturelles en péril. Pas le temps cependant de s'installer dans une routine tranquille, ni de reprendre ses recherches sur la piste de ses semblables, car elle est prise à partie par le Bonhomme-Sept-Heures, un croque-mitaine soupe au lait qui l'accuse d'avoir eu recours à ses pouvoirs aquatiques pour lui nuire. Viviane a beau protester de son innocence, il refuse d'en démordre et l'océanide va devoir mener l'enquête pour tirer les choses au clair et se disculper. Au fil de ses recherches, elle va se retrouver impliquée malgré elle dans des intrigues politiques qui la dépassent, au risque d'y laisser des plumes…

Drôle d'idée d'avoir donné à ce tome 1 de la série La coureuse de grèves un titre presque identique à celui de son prologue ! Entre les Flots empoisonnés et les Eaux ensorcelées (ou est-ce le contraire ?), il y a vraiment de quoi s'y perdre, d'autant que les couvertures se ressemblent aussi beaucoup. Heureusement que le tome 2 ne s'appellera pas les Liquides enchantés !

Et heureusement aussi que cette histoire de titre soit le plus gros reproche qu'on puisse faire à ce sympathique roman de fantasy urbaine à la sauce québécoise. Viviane reste une héroïne très attachante, avec un caractère bien trempé mais jamais insupportable, et c'est un plaisir de la suivre dans ses aventures. Les référents culturels très nord-américains et les québecismes qui parsèment le texte lui apportent une couleur locale toujours aussi rafraîchissante, sans le rendre illisible pour les francophones d'ailleurs.

Le mystère que Viviane tente d'élucider l'amène à faire appel à d'anciens alliés et à en rencontrer de nouveaux, dont le ténébreux Zacharie qui ne la laisse pas indifférente. Je n'appartiens pas vraiment au public que cible ce genre de romance, mais je n'ai pas trouvé leur relation exaspérante. L'intrigue est quant à elle fermement ancrée dans l'univers du Windigo, la précédente série romanesque de Mélanie Dufresne. Je n'ai pas trop accroché aux passages qui tentent de faire le pont entre les deux séries, faute d'avoir lu la précédente, mais ils restent suffisamment rares pour ne pas gâcher le plaisir.

Avec ce chouette tome 1, La coureuse de grèves s'annonce comme une série fort plaisante à suivre. Légère sans être insubstantielle, c'est une bonne bouffée d'air au parfum de sirop d'érable.