Ce quatrième numéro de la revue Frenchmania, consacrée au cinéma français, se penche sur une nouvelle génération d'espoirs et de révélations.
Dès les premières pages, Frenchmania suscite l'intérêt. Même la lecture de la présentation des contributeurs éveille la curiosité : j'ai bien aimé y découvrir les trois films francophones des contributeurs de ce numéro, qui permettent de les cerner bien plus que de longs paragraphes. Mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres des petites touches qui rendent la revue agréable à lire. Ses visuels colorés donnent également envie de la feuilleter.
La première partie, A l’œuvre, nous emmène dans les coulisses de la création. Dans la rubrique Pitch, Camille Brottes-Beaulieu nous livre son idée pour un film faisant se rencontrer deux femmes : la cinéaste Alice Guy, arrivée à la fin de sa vie, et la féministe Valérie Solanas, qui s'interroge sur la suite à donner à son engagement militant. Outre l'intérêt même de cette idée, il est passionnant de voir la manière dont Camille Brottes-Beaulieu la présente et la lie dans le même temps à son univers cinématographique et à ses aspirations plus générales en matière de films. Toujours dans cette première partie, on change de décor et de format avec le Moodboard proposé par Marc Fitoussi pour une comédie appelée Les Cyclades. J'ai adoré voir le détail apporté à ce type de projet, jusqu'au design des bouteilles de bières du café dans lequel se rendent les protagonistes. C'est justement cette multitude de détails que j'aime repérer quand je regarde un film et assister à leur genèse est très intriguant. Et on enchaîne avec la dernière rubrique de cette première partie, encore plus captivante puisqu'il s'agit de la rubrique Tournage et qu'elle est consacrée à l'Origine du mal de Sébastien Marnier. Le concept est simple : passer un jour avec l'équipe du tournage dans une villa luxueuse de la côte d'Azur. Pour qui a entendu parler du film, c'est passionnant de voir cet envers du décor. Des photos sont bien sûr présentes, de même que l'explication du choix et de l'importance du cadre et un résumé de l'intrigue.
Vient ensuite le dossier. Celui-ci se compose en grande partie de portraits et d'interviews de jeunes comédiens français, parmi lesquels Déborah Lukumuena, Anamaria Vartolomei, Félix Maritaud, Sami Outalbali ou encore Anthony Bajon. Des photographies aident bien sûr à resituer chacun, à déterminer si on les a bel et bien aperçus au détour d'un film. De mon côté, je n'en connaissais pas la plupart mais ai apprécié d'en apprendre plus sur leur parcours, leur rapport au cinéma et les premiers films dans lesquels ils ont pu figurer. Le nombre de portraits est toutefois assez important : une soixantaine de personnes nous sont présentées ! Je ne conseille donc pas de les lire tous à la suite.
La partie suivante est celle des Rencontres. On y déjeune avec Émilie Dequenne. Au fil des plats, qu'on regrette de ne pas pouvoir savourer avec elle, la comédienne revient sur sa carrière, ses rôles, ses rencontres avec des réalisateurs, des personnages, des scénarios, des univers mais aussi avec d'autres acteurs. Son évocation de Jean-Pierre Bacri est à cet égard particulièrement touchante. On file ensuite aux Archives avec les Souvenirs de Paul Vecchiali, né en 1930, amoureux du cinéma depuis ses six ans, réalisateur et producteur et mort tout récemment, le 18 janvier 2023. Cette interview, sans doute une de ses dernières, est une occasion inespérée d'en apprendre plus sur sa très longue carrière. Cette partie se clôt par un court reportage sur l'export et le rayonnement du cinéma d'animation made in France dont je me suis rendue compte que j'en connaissais, somme toute, peu de choses.
La quatrième partie est celle consacrée aux Feuilletons. On y poursuite d'abord la Grande histoire des séries françaises avec celles des années 2010. N'ayant plus la télévision depuis le début des années 2000, cela constitue pour moi une grande séance de rattrapage assez intéressante. Assez elliptique, ce feuilleton parlera cependant davantage aux connaisseurs. Le suivant comporte plus de détails puisqu'il s'agit de nous présenter les Visages du court-métrage francophone. Heureusement, après l'avalanche de portraits contenus dans le dossier, cette rubrique se concentre sur quatre visages uniquement. Et la rubrique suivante captive instantanément en revêtant la forme de pages de scénario légèrement brunies. Il s'agit du feuilleton scénaristique Sang neuf dont le but est de coécrire un scénario à la sauce « cadavre exquis ». Mieux vaut donc avoir lu les numéros précédents pour s'y plonger pleinement.
Plus courte, la dernière partie, Cahier de tendances, se compose d'entretiens (Géraldine Nakache, Lucas Delangle, Patricia Mazuy), d'un coup de cœur pour le film Close et du portrait de son réalisateur, Lukas Dhont, de la présentation d'une Pépite venue du passé, Viva Maria de Louis Malle, ou encore d'une nouvelle, Pas tous les jours Festen de Carole Fives, récit d'une réunion familiale où il y de l'eau dans le gaz. S'y trouve aussi la carte blanche de Vahram Muratyan, qui invite à réfléchir à son jardin-ciné. Cependant, en grande gourmande, ma rubrique préférée est encore celle culinaire. On y apprend dans ce numéro à réaliser le cake d'amour de Peau d'âne, par l'intermédiaire de la cheffe Marine Gora.
Ce numéro 4 de Frenchmania a donc de quoi captiver, inspirer, instruire, faire saliver même tous les amateurs de cinéma.