Les indiens Osages font partie de la grande famille des Sioux et se trouvaient implantés à l'ouest du Mississippi jusqu'aux grandes plaines. Dès le milieu du seizième siècle, cette tribu a eu des contacts avec les Européens. D'abord avec les Espagnols, ensuite avec les Français avec lesquels ils ont eu des liens d'amitié. De nombreux métissages ont eu lieu, les Français contrairement aux Espagnols et Anglais ne méprisaient pas les Amérindiens, ils vivaient volontiers avec eux et commerçaient continuellement. En 1725, ainsi qu'en 1827, des petits groupes d'Osages sont allés en France et ont rencontré le roi. Tout ceci explique les liens qui ont perduré au fil des siècles entre cette tribu et les Français ainsi que leurs descendants.
Ce livre retrace l'histoire des Osages, du seizième siècle jusqu'à récemment. Il nous explique leurs liens avec les autres tribus, décrit le fonctionnement de leur société ainsi que les nombreuses fois où ils ont dû évacuer leurs terres pour aller plus à l'ouest sous la pression des colons et du gouvernement américain. Les Osages, peut-être grâce à leurs habitudes du commerce, sont l'une des rares tribus à avoir réussi à rester propriétaires des "sous-terres" de la réserve qui leur a été attribuée. Par chance, ou malchance, leur sous-sol regorgeait de pétrole. Ce qui a fait leur richesse et éviter plus que les autres tribus la déchéance de leurs membres et de leurs traditions. Même si certains ont tenté par tous les moyens de s’approprier leurs richesses avec la complaisance du gouvernement fédéral.
Cet ouvrage est intéressant pour découvrir cette tribu plutôt méconnue et son destin qui diffère des autres plus connues et qui ont subi plus de violences de la part du gouvernement et des colons. Leur tendance moins belliqueuse, moins guerrière, et leur plus longue fréquentation de l'homme blanc leur ont peut-être permis d'éviter l'écueil d'une confrontation directe avec les soldats. J'ai aimé pouvoir suivre l'évolution de la tribu jusqu'à nos jours, ce qui manque parfois à certains livres qui se concentrent sur une centaine d'années.
J'ai moins aimé le fait que l'auteur nous présente les multiples déplacements forcés de la tribu vers d'autres terres comme une simple transaction commerciale se faisant sans trop de difficultés. J'avoue ne pas avoir compris l'angle choisi pour présenter les choses, ainsi que le portrait qui nous est fait du général Custer dépeint comme plutôt juste alors que l'on sait quel triste personnage il est, qu'il a autorisé le massacre de femmes et d'enfants qui étaient protégés par des traités.
L'écriture quant à elle est plutôt clinique, pas de romanesque, ni de grands élans nous permettant de nous emporter dans la lecture. Il ne faut pas oublier que Marie-Claude Feltes-Strigler est avant tout une universitaire et non une romancière.
Hormis ces défauts, je retiendrai de ce livre sa grande précision sur la description ses coutumes et usages chez les Osages, la possibilité d'avoir pu suivre l’évolution de ceux-ci au cours des siècles et de nous parler d'une tribu amérindienne qui n'a pas sombré corps et âmes dans sa réserve. Peut-être la seule tribu à avoir réussi à s'adapter, à peu près, au monde de l'homme blanc et à sa manière de faire et de vivre.
Je vous invite à lire également La note Américaine de David Grann (éditions Globe) qui parle de la période où le pétrole a été découvert et des nombreux meurtres qui ont touché les Osages. Un vrai roman.