Les Chroniques de l'Imaginaire

Le Loup de Nancy (Section de recherches : Gendarmerie nationale - 1) - Herzet, Emmanuel & Balsa, Gerardo

En pleine enquête sur les origines du crash d’un Mirage 2000 sur une plage de Normandie, Ruben Reissinger, capitaine de la section de recherches de la Gendarmerie de l’Air, reçoit l’appel d’un ancien coéquipier basé à Nancy.

Ce dernier lui annonce la découverte en pleine forêt d’un véhicule de la maison, abandonné et signalé comme volé trois jours auparavant, avec à son bord le cadavre d’une jeune femme blonde. Les détails de la mise en scène particulièrement glauques leur évoquent instantanément une affaire survenue onze ans plus tôt.

Alors qu’il pensait avoir neutralisé définitivement le tueur et mis ainsi à l’abri sa dernière victime, voilà que les doutes assaillent Reissinger. S’agirait-il d’un imitateur ou du même prédateur surnommé « Le Loup de Nancy », ce tueur en série qui avait fait neuf victimes en trois ans et qui semble plus que jamais déterminé à achever son travail ?

En proie à ses vieux démons, Reissinger ne va pas lâcher l’affaire et nous voilà embarqué avec sa nouvelle adjointe, l’adjudante Léna Rossi, dans une enquête périlleuse, véritable course contre la montre.

C’est une intrigue policière sombre et prenante où finalement le rapport à l’aviation n’est pas aussi prégnant que je le craignais malgré les doubles illustrations militaires en couvertures intérieures.

Reléguée en second plan, l’enquête sur le crash du Mirage 2000 laisse place à une chasse à l’homme dont le scénario et les dessins sont parfaitement maîtrisés et plutôt réalistes.

Je m’attendais néanmoins à davantage de couleurs dans des tons foncés et dégradés autour du trio rouge/noir/bleu comme sur la couverture mais finalement la palette vive et colorée présente au fil des pages apporte de la lumière sur l’envers du décor et la réalité du quotidien des équipes sur le terrain.

Les traits des visages traduisent quant à eux parfaitement les différentes expressions ressenties par les personnages (stupeurs, agacements, peur, impatience, etc.) et contribuent à apporter du rythme dans la lecture à travers des émotions clairement palpables.

J’étais donc lancée à pleine vitesse, démangée par l’envie et la curiosité de savoir la suite (voire le dénouement !) jusqu’à ce que je m’aperçoive que la quinzaine de pages qu’il me restait à lire ne concernaient pas du tout l’avancée de l’enquête mais étaient en fait dédiées à une annexe documentaire sur la gendarmerie nationale (et ses différentes branches).

Une annexe que j’ai lu en diagonale car, en toute honnêteté, j’ai trouvé que cela virait un peu aux allures de propagande avec des reportages photos dont la source principale (voire exclusive) semble être le pôle de communication de la gendarmerie de l’air (« COMGAIR/CATHE/2022 »). Niveau objectivité on repassera même si les informations sont précises et pertinentes pour ceux qui chercheraient à en savoir davantage à ce sujet.

Ces photographies témoignent d’une mise en scène savamment orchestrée qui ne correspond pas à ce que j’attendais à l'intérieur de cette bande dessinée. De plus, certaines légendes comportent des commentaires que j’ai trouvé plutôt zélés pour ne pas dire parfois lourdauds (exemple à la page 61 avec la mise en scène d’une femme qui s’apprête à prendre des photos devant un hangar militaire entouré d’une clôture surmontée de barbelés : « la petite dame était trop curieuse et va devoir s’expliquer… La vigilance des gendarmes a déjà permis d’éviter des attentats »). Bref, pas le genre de remarques (ni de ton) que j’affectionne particulièrement et une légèreté d'esprit soudaine qui contraste avec la volonté de sérieux et la rigueur affichées jusqu'alors. 

Me voilà donc un peu déçue, surtout par la fin abrupte de ce premier tome en pleine action dont l’annexe ne m’a malheureusement pas permis d'arrêter de ronger mon frein. À défaut d’avoir été prévenue en quatrième de couverture qu’il s’agissait d’une histoire en deux volumes, j’aurai au moins souhaité être avertie de la date de parution du second pour savoir combien de temps il me restait à sagement patienter pour reprendre ma lecture.