Les Chroniques de l'Imaginaire

La guerre des Marionnettes (Andrea Cort - 3) - Castro, Adam-Troy

Sur la planète Vhlan a lieu tous les ans un gigantesque Ballet qui voit la mort de tous ses participants, par milliers. Comme la communication avec les Vhlanis est très imprécise, nul ne sait vraiment le but de ce suicide de masse, même s'il semble évident que la danse a un sens plus profond qu'un simple spectacle. Ce rituel fascine toutes les espèces sentientes, mais particulièrement les Humains : malgré l'interdit, des pèlerins humains immigrent continuellement sur Vhlan, avec des augmentations physiques qui les ont éloignés de l'humanité pour les rapprocher des Vhlanis, afin de leur permettre de danser parmi eux ; ces pèlerins ne rêvent que d'intégrer le Ballet, persuadés de pouvoir y ajouter une touche unique qui le rapprochera de sa finalité, et se fichent bien de mourir pour cela ; ils sont devenus si nombreux qu'ils peuplent une ville entière, Noureev (joli nom pour une ville de danseurs, non ?).

Andrea Cort ne compte pas participer au Ballet, mais la voilà tout de même sur Vhlan à la veille du grand événement annuel. Ses employeurs secrets, les IAs-sources, lui ont en effet révélé qu'elle avait un rôle capital à jouer dans l'extinction ou la survie - éventuelle - de deux espèces sentientes, mais sans lui dire ni où aller ni de quoi il retournait. Andrea pense être au bon endroit... mais que doit-elle y faire ?

Nous retrouvons Andrea dans une nouvelle aventure, qui va être une nouvelle étape dans sa vie. Je dis aventure plutôt qu'enquête, car si Andrea a bien une quête parallèle à se mettre sous la dent (la recherche d'une fugueuse qui a rejoint les pèlerins), la mission pour laquelle elle est venue sur Vhlan est pour le moins nébuleuse. Ne sachant quoi chercher, Andrea se laisse beaucoup porter par les événements, qui ne lui laissent de toute façon guère de répit : les Vhlanis sont subitement pris de folie, certains s'attaquent aux étrangers tandis que d'autres les combattent, les morts sont innombrables. Pour Andrea, cela rappelle furieusement le massacre de Bocai et lui prouve qu'elle est bien sur la trace de ses instigateurs, les IAs-sources renégates qu'elle appelle les Démons Invisibles. Mais comment les arrêter alors que la situation dégénère à chaque instant qui passe ? Elle va au final avoir à faire des choix cruciaux.

La violence est omniprésente dans ce tome, la mort tourne autour d'Andrea et ses amis / gardes du corps les inseps Oscin et Skye Porrinyard, qui n'en sortiront pas indemnes. Si on ajoute les rebondissements, le mystère en toile de fond et les personnages intrigants, on devrait rester en haleine à chaque seconde... pourtant je dois avouer avoir trouvé que le récit souffrait de longueurs et m'être parfois ennuyée. Certes, Andrea fait preuve de son intelligence habituelle, mais elle se fait un peu trop balloter dans des péripéties un peu trop effroyables, et je n'y ai pas pris autant de plaisir que dans les opus précédents, aux enjeux moins importants, où elle avait le temps de faire preuve de ses qualités. Ici, elle est au centre des événements sans que l'on comprenne pourquoi pendant la plus grande partie du roman, ça sonne un peu artificiel finalement.

Le livre ne se limite pas au roman La guerre des Marionnettes proprement dit. Il commence par une novella d'une centaine de pages intitulée Les Lames qui sculptent les Marionnettes, qui permet de découvrir ce qui s'est passé pendant la fugue du jeune Jason Bettelhine, soit quelques années avant La troisième griffe de Dieu. Andrea est absente de cette histoire. Texte un peu longuet auquel je n'ai pas vraiment accroché, et qui ne m'a pas semblé apporter grand chose à l'ensemble.

Enfin, le livre se termine par une autre novella deux fois plus courte, La Cachette. Et clairement, c'est la partie que j'ai préférée ! Andrea doit décortiquer un imbroglio juridique impliquant des inseps, et c'est dans ce texte que ressort le mieux sa perspicacité, même si le lecteur attentif aura lui aussi relevé les indices. Faisant suite au roman, il permet également de voir Andrea évoluer encore, elle dont l'esprit torturé s'est déjà apaisé - et humanisé - au contact de ses chers Porrinyard.

Pour qui a aimé le début de la série consacrée à Andrea Cort et veut savoir ce qu'il advient d'elle, ce troisième volume s'avère donc tout à fait recommandable.