Kalbaraï n'est pas un jeune homme comme les autres. Si sa mère est une humaine, son père est le marchand de sables, une créature du désert. Le destin de Kalbaraï est justement de se rendre dans le désert en compagnie d'un humain à la recherche d'une cité mythique. Dans le cratère du volcan dans lequel s'abrite l'une ou peut-être la dernière des colonies humaines, le désert est en effet un danger omniprésent car il a le pouvoir d'effacer les souvenirs des humains. Et le sable remonte lentement les pentes du volcan.
Le jour du départ arrivé, Kalbaraï découvre qu'il va devoir faire le chemin avec Irae, sa demi-sœur. A charge pour lui d'utiliser son don pour qu'elle atteigne la cité : chaque fois qu'elle perdra un souvenir dans le sable, lui seul pourra le retrouver, l'ingérer et lui restituer sa mémoire. Le jeune homme est heureux que sa mission lui fournisse l'occasion rêvée pour côtoyer la jeune femme et en apprendre davantage sur son passé car ils se sont à peine croisés depuis qu'il est né. Cependant, Irae est loin d'être acquise à cette mission et ne quitte le cratère qu'à contrecœur. Pour ne rien arranger, leur mère met en garde Kalbaraï : Irae est fourbe et ne doit pas être crue.
Le cadre du Désert des couleurs, comme son titre, est éminemment poétique. Ce désert magnifique et mortel, qui menace l'humanité, est composé des souvenirs des générations humaines qui se sont succédées sur la planète. Aurélie Wellenstein nous emmène à la découverte de paysages intrigants, que j'aurais aimé parcourir encore davantage. L'univers dépeint est rendu plus profond par la plongée dans les grains de sable-souvenir, qui nous donnent des indices pour comprendre la genèse de ce monde qui succède au nôtre. La réflexion écologique affleure le récit et sous-tend l'intrigue puisqu'il s'agit bien de trouver une manière pour l'humanité de survivre, grâce à Kalbaraï et Irae. Cependant, cette quête apparaît bien vite secondaire dans le récit, ou prétexte à la rencontre de ces adelphes et à la levée de secrets familiaux.
Le contraste est au départ fort entre Kalbaraï, protagoniste naïf, enfant grandi trop vite, plein de bonne volonté et attachant, et Irae, peut-être la véritable héroïne du récit, jeune femme ayant elle aussi dû mûrir prématurément mais révoltée et méfiante. On devine vite les raisons du différend entre Irae et sa mère. Cependant, tout l'enjeu est de découvrir comme la découverte de ce secret par Kalbaraï va avoir un impact sur leur relation et sur leur mission.
Le désert des couleurs plaira aux amateurs d'aventures familiales, de secret, de quête désespérée et de mondes post-apocalyptiques poétiques.