Os, un petit village d’altitude, perché au sommet des montagnes norvégiennes où les habitants vivent reclus et se connaissent tous depuis l’enfance. Parmi eux, Carl et Roy, âgés respectivement de seize et dix-sept ans, vivent avec leurs parents dans une ferme isolée que seule dessert une route en lacets bordée de ravins.
À l’aube de leur majorité, un accident les laissent orphelins. Alors que Roy, l’aîné taciturne mais bagarreur, s’installe comme mécanicien dans une station-service pour subvenir à leurs besoins, Carl, plus téméraire et populaire, décide quant à lui de partir poursuivre ses études au Canada.
Lorsqu’il revient au pays, une vingtaine d’années plus tard, au volant d’une belle voiture et avec à ses côtés Shannon, sa magnifique épouse et architecte de renom, c’est un peu le choc des cultures au niveau des retrouvailles !
D’autant qu’ils arrivent avec un projet révolutionnaire et colossal : celui de construire sur ces terres hostiles un hôtel-spa de luxe qui fera leur fortune, celle de Roy ainsi que de toute la communauté. Car évidemment, en bon orateur et magnat de la finance, Carl ne manque pas de bagou pour arriver à ses fins.
Mais le retour de l’enfant prodigue réveille de vieilles rancœurs et les secrets de famille remontent à la surface. Alors que les semaines passent et que les travaux peinent à avancer, les soupçons ne tardent pas à se profiler en même temps que des morts soudaines s’amoncellent.
Quel coup de poing ! Un véritable uppercut en pleine mâchoire à vous couper le souffle malgré une construction scénaristique qui paradoxalement prend son temps et vient jouer avec nos nerfs en insufflant ce qu’il faut de doutes trompeurs et de manipulations perfides.
J’ai découvert Jo Nesbø l’année dernière en attrapant en cours de route la douzième enquête de l’inspecteur Harry Hole. Et cette fois-ci encore, il m’a fait forte impression avec cette histoire totalement indépendante qui tient pourtant davantage du roman noir que du polar scandinave.
Preuve s’il en faut que cet auteur est capable de nous surprendre sans cesse et de renouveler les codes du thriller psychologique. Il nous happe dès les premières pages avec un huis clos familial sombre et dérangeant où l’on sent poindre le drame derrière la montagne de secrets bien gardés.
Une tragédie machiavélique d’environ sept cents pages qui ne m’a pas ennuyée un seul instant. Difficile même de lâcher cette histoire, quitte à passer des nuits blanches, pour retracer pas à pas les souvenirs racontés par bribes.
Des allers-retours qui nous plongent ainsi dans un univers poisseux où la violence n’est pas tant sanguinolente mais plutôt vicieusement émotionnelle. C’est un triangle amoureux unique, malsain et immoral, alimenté de mensonges et d’une hypocrisie latente, qui ne cesse de faire croître un suspense particulièrement insoutenable !
J’ai adoré, je l’ai dévoré et c’est là mon tout premier coup de cœur de l’année ! Et pour ça, il me faut aussi noter et remercier le travail et la qualité de la traduction qui ont grandement contribué à cette immersion totale et réussie !