Alphonse Bertillon est un criminologue français qui a inventé tout un ensemble de techniques afin de faciliter les enquêtes criminelles. Outre la prise de mesures physiques systématiques, l’utilisation de la photographie fait partie de ces techniques, et Bertillon a même imaginé un appareil photographique « plongeur », juché sur de grands trépieds, qui permet de prendre des photos des cadavres en situation, vu du dessus.
Dans cet ouvrage, on plonge dans la presse quotidienne, telle que L’univers, L’Humanité, Le Petit Journal, Le Figaro, L'Excelsior, L'Indépendant des Basses-Pyrénées, Gil Blas, Le Petit Parisien, L’Écho de Paris, où sont relatés les meurtres les plus sordides qui ont lieu à Paris et sa proche banlieue. Ce ne sont pas des meurtres sensationnels qui sont relatés, mais plus la violence quotidienne qui sévit dans les classes populaires. La plupart des crimes ont le vol pour mobile, avec des butins allant de quelques francs à quelques milliers de francs et quelques babioles (du linge, des horloges, quelques rares bijoux).
On découvre donc vingt affaires qui ont eu lieu à l’aube du XXème siècle. Dans cette promenade macabre, on peut découvrir, outre quelques arrondissements parisiens, les faubourgs de Montmartre, les allées du Bois de Boulogne, la Plaine Saint Denis ainsi que Gennevilliers ou encore Saint Ouen. Les victimes sont souvent des ouvriers ou des petits commerçants (cordonnier, épicier, logeur) et chaque affaire est présentée de la même façon.
Tout d’abord une photo de la une d’un journal, en double page, ce qui nous permet au passage de découvrir d’autres articles de l’époque. Ensuite, on entre dans le dossier qui contient le lieu du crime, la date, les noms des victimes, le mode opératoire, le mobile apparent ou connu, le nom des coupables s’ils ont été arrêtés, et enfin la condamnation qui leur a été infligée.
L’ensemble est complété par des extraits de journaux, mais aussi des photographies tirées des archives judiciaires avec des explications supplémentaires sur les conditions dans lesquelles elles ont été prise. On trouve aussi des lettres, des portraits, et parfois même des photos prises à la morgue. J’ai trouvé ça très intéressant, car on imagine toujours la police assez démunie à cette époque, mais on peut se rendre compte qu’il y avait un vrai intérêt à faire avancer la justice et à arrêter les criminels qui sévissaient dans les rues de la capitale.
Certes ce ne sont pas des affaires retentissantes ou très connues qui sont relatées ici, mais c’est ce que j’ai trouvé le plus intéressant. Ce sont des crimes qui touchent des gens des classes populaires et leurs assassins sont de la même origine sociale la plupart du temps.
Autant dire que ce livre n’est pas pour les âmes sensibles, mais c’est un ensemble documentaire très bien réalisé qui apporte beaucoup d’informations sur les crimes et les enquêtes de l’époque.
J’ai beaucoup aimé et je le conseille à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire de la criminologie et au développement des techniques d’investigation.